Statut de l'imam: le recteur de la mosquée de Villeurbanne "espère qu’il ne s’agit pas d’effets d’annonce"

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé la création d’un statut de l’imam en France. Un serpent de mer, car le projet était déjà dans les ambitions de Nicolas Sarkozy. Il affirme ainsi répondre à une demande de "nombre de musulmans, et nombre d'imams qui ne sont pas aujourd'hui correctement rémunérés".
Il dit vouloir lutter contre l'idée que l'islam "est une religion d'étrangers, pour les étrangers, financée par les étrangers" alors qu'en 2023 selon lui, avec 242 faits recensés, les actes anti-musulmans ont augmenté de près 30%, dont plus la moitié au cours des trois derniers mois.
L'annonce succède aussi à l'expulsion récente de l'imam Mahjoub Mahjoubi, renvoyé en Tunisie après des propos polémiques envers le drapeau français proférés début février à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard.
Gérald Darmanin en a dit plus ce lundi lors de son intervention au Forum pour l’islam de France (FORIF), qui rassemble les associations qui travaillent à organiser le culte en France.
“Nous avons mis fin, vous le savez, depuis quelques semaines déjà, à l’action des imams détachés, c’est-à-dire des imams payés par des Etats étrangers. Et pour que ces imams soient entièrement payés par des mosquées françaises avec un argent que nous connaissons et qui est transparent, connu par l'État français, nous devons aussi garantir aux ministres du culte, aux imams musulmans, une protection sociale, des diplômes qui assurent qu’ils parlent français, qu’ils sont intégrés dans la société française. Mais surtout pour qu’ils soient correctement rémunérés, ce qui n’est pas le cas pour tous les imams actuellement” a-t-il affirmé.
"On en parle depuis 20 ans"
Gérald Darmanin a donné six mois au Forum pour l’islam de France pour travailler à la création d’un tel statut. Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne et enseignant-chercheur, membre d'un groupe de travail sur les imams au FORIF, espère qu'il s'agit de propositions concrètes.
“La formation théologique doit être assumée par les instances musulmanes. En revanche, l’Etat peut participer à la formation universitaire, par une formation sur l’histoire de la France, sur le droit français, sur la laïcité… Un imam aujourd’hui en France doit absolument parler français. Il y a le problème de la formation des imams et il y a le problème de la rémunération des imams. Il y en a très peu qui sont rémunérés, en réalité. La mise en place d’un institut de formation des imams, on en parle depuis 20 ans. Donc j’espère juste qu’il ne s’agit pas d’effets d’annonce."