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Tendance "no kids": "Ce n'est pas un adulte miniature, il y a un droit à l'enfance"

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Sarah El Haïry, Haute commissaire à l'Enfance, se dit une nouvelle fois "effrayée" de la tendance "no kids" dans l'espace public. Hors de question de céder pour la sénatrice socialiste Laurence Rossignol: "C'est admettre l'idée qu'un enfant n'est pas un adulte miniature et qu'il y a un droit à l'enfance."

La Haute commissaire à l'Enfance Sarah El Haïry s'est dite "effrayée" jeudi de la tendance "no kids" dans l'espace public, estimant que la lutte contre la surexposition des plus jeunes aux écrans passait également par une réflexion sur la place qui est accordée aux enfants au sein de la société. 

"Je suis assez effrayée, et je pèse mes mots, du développement de mouvements, d'espace no kids, où les enfants ne sont plus les bienvenus, où les enfants sont invisibilisés, voire interdits", a-t-elle ajouté. Ce phénomène "privilégie le confort des adultes, au détriment de l'inclusion et le bien-être des plus jeunes", selon elle.

Jennifer avait sa petite dernière sur les genoux dans l'avion et son fils de 3 ans à côté d'elle: "Ils se chamaillaient entre eux, les personnes devant critiquaient, me disaient de contrôler mes enfants", se souvient-elle auprès de RMC.

Les remarques désobligeantes, les regards exaspérés quand ses enfants font du bruits dans les lieux publics: tout cela est devenu une vraie pression pour cette mère de famille. Elle privilégie donc désormais des espaces adaptés dans les transports: "Où il n'y a que des enfants, ça soulage entre parents, on est plus tolérants."

"J'ai déjà du mal à supporter les miens..."

Sauf que pour certains, cela ne suffit pas, comme Louis et Héloise, installés dans l'espace famille du TGV avec leurs trois garçons. "J'ai déjà du mal à supporter les miens alors les autres... Le seuil de tolérance est plus faible", grince le père de famille.

Dédier des espaces aux familles, une fausse bonne idée pour Natalie: "Ce n'est pas le sujet. C'est la gestion des enfants dans les lieux publics en mettant toujours des limites, dire qu'on n'est pas seul au monde et de faire attention aux autres."

La sénatrice socialiste Sandrine Rossignol plaide pour que les enfants puissent continuer de pleurer et gesticuler dans les lieux publics. "C'est admettre l'idée qu'un enfant n'est pas un adulte miniature et qu'il y a un droit à l'enfance", estime celle qui a déposé une proposition de loi pour proscrire les espaces interdits aux enfants.

Exclure les enfants de certains espaces est "incontestablement une discrimination", disait-elle le 18 mai dernier au micro d'Apolline Matin, sur RMC. "C'est un signal d'intolérance de nos sociétés à l'égard de tout ce qui perturbe l'environnement des individus."

Léonie Guilbaut avec Léo Manson