Arrestation de Carlos Ghosn: le PDG victime d'un coup monté?

A Tokyo, l'arrestation du PDG fait beaucoup d'heureux. Nissan cherchait à renégocier l'alliance passée avec Renault pour obtenir une plus grosse part du gâteau, or Carlos Ghosn travaillait justement à graver cet équilibre dans le marbre grâce à une fusion entre Renault et Nissan, une opération que le constructeur japonais rejetait et cherchait à bloquer de crainte qu'elle ne grave dans le marbre son statut de "second ordre" dans la structure, selon le Financial Times.
Sa chute aurait-elle été orchestrée par ceux qui s'opposaient à cette opération? Pour l'heure, impossible de répondre à cette question. Mais la violence des mots utilisés par son successeur juste après son arrestation a beaucoup surpris dans le monde des affaire japonais, habitué à plus de courtoisie. Hiroto Saikawa, le PDG de Nissan, a durement critiqué les dérives de son ex-mentor. Le voilà désormais seul au volant du constructeur japonais.
Thierry Bolloré, PDG en intérim
L'agence de notation Standard and Poor's a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle envisageait de baisser la note de la dette à long terme de Nissan, en raison en particulier des doutes autour de ce mariage à trois. Mardi soir, le conseil d'administration de Renault a dit partager "le soutien exprimé par la direction de Nissan au développement de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui reste la priorité du Groupe".
Le conseil d'administration de Renault a désigné mardi soir le numéro deux de l'entreprise Thierry Bolloré pour assurer l'intérim de Carlos Ghosn. Lâché de toutes parts, Carlos Ghosn est accusé d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015", en ne déclarant que 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) contre près de 10 milliards de yens sur la période.