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"C'est purement honteux": une usine PSA fait appel à des travailleurs polonais, au détriment d'intérimaires français

PSA va chercher des salariés polonais pour les faire travailler de nuit dans son usine d'Hordain, dans le Nord près de Valenciennes.

Un mois après son redémarrage, l’usine PSA d’Hordain, près de Valenciennes, a presque retrouvé sa cadence d’avant confinement. Mais pour que ce soit vraiment le cas, la direction prévoit de relancer l’équipe de nuit qui lui manquait depuis la reprise, le 11 mai.

Seulement, plutôt que de faire appel aux quelque 500 intérimaires comme c’est le cas en temps normal, elle va faire venir 400 salariés polonais et une soixantaine d'espagnols.

La décision interpelle auprès des salariés et des syndicats: elle écoeure les intérimaires habituels, qui sont semble-t-il les premières victimes de l’après-confinement.

"J'ai un loyer de 650 euros à payer donc comment je fais?"

De la frustration et de la colère. Dominique est intérimaire depuis 3 ans ans pour PSA. Jusqu’au 17 mars, Il était affecté à l’équipe de nuit, celle pour laquelle des salariés polonais ont aujourd’hui été appelés en renfort.

"Quand on voit qu'ils vont faire venir 400 Polonais et des Espagnols, on se dit que le patron fait ce qu'il veut en fait. Mon quotidien, c'est de garder les enfants en attendant la reprise. Je suis dépité. J'ai un loyer de 650 euros à payer donc comment je fais? En tant qu'intérimaire français, je trouve qu'on ne nous aide pas". 

Cette nouvelle organisation chez PSA, à l’échelle européenne, inquiète les syndicats. Franck Théry,délégué CGT: "On voit bien que la volonté est de supprimer tous les contrats d'interim et de faire en sorte que le travailleur de PSA devienne nomade de l'industrie automobile".

"Beaucoup de sites industriels sont encore en sous-activité"

Les premiers travailleurs polonais arriveront mardi. Le DRH de PSA Hordain, Luc Samsoen, assume: "Beaucoup de sites industriels sont encore en sous-activité. Nous avons beaucoup de salariés du groupe PSA en Europe qui sont encore en activité partielle. La priorité est de donner aux salariés du groupe, dans un esprit de solidarité, l'activité". Une solidarité qui semble ne pas s'appliquer au bassin d'emploi, en tout cas, "pas dans l'immédiat", précise-t-il.

Inacceptable d’un point de vue politique et social pour Fabien Roussel, député communiste du Nord: "Dans notre région et dans le Valenciennois en particulier, le taux de chômage est déjà de plus de 15%. C'est purement honteux. Je viens d'interpeller le ministre Le Maire pour lui demander que toutes les aides publiques versées à PSA ou qui vont être versées, soient stoppées immédiatement".

Le groupe indique que ces salariés polonais seront payés au tarif français comme le prévoit le réglementation.

Lionel Top et Pauline Delevoye (avec C.P.)