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Double accident mortel à Saint-Malo: "Il faut un contrôle médical pour tout le monde"

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Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Pauline Déroulède renouvèle son appel à instaurer un contrôle médical obligatoire pour tous les deux conducteurs, après la mort de deux personnes en trois mois à Saint-Malo, percutées par le même automobiliste.

Deux victimes, des hommes de 79 et 89 ans, en trois mois. A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), un automobiliste de 80 ans a provoqué la mort de deux personnes en les renversant sur un passage piéton, les 7 avril et 3 juillet. Un double drame qui relance la question du suivi médical des conducteurs, au-delà de l’incompréhension suscitée par l’absence de suspension de permis de l’homme mis en cause après la première affaire. Pour Pauline Déroulède, joueuse de tennis handisport et militante de la sécurité routière, elle-même renversée par un automobiliste, "il faut un contrôle médical pour tout le monde".

"On l’a vu avec le dernier accident à Saint-Malo, l’inaptitude à la conduite n’est toujours pas une infraction puisqu’on n’a pas le permis suspendu quand on tue quelqu’un au volant, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. Ce monsieur n’avait pas pris d’alcool, de stupéfiant. Il n’était en infraction mais pour autant, il n’était vraisemblablement plus capable de conduire. Mais il n’y a pas de loi qui existe autour de ça, donc on ne lui a pas retiré son permis. Il a pu recommencer, re-conduire sans contrôle médical. C’est pour ça qu’il faut un cadre législatif."

"Je défends l’idée qu’il faut mettre en place des visites médicales obligatoires pour tous les conducteurs, tous les dix ans dans un premier temps et avec une fréquence plus régulière à partir d’un certain âge, indique-t-elle. L’âge fait partie des facteurs qui altèrent l’aptitude à la conduite. C’est pour cela qu’il faut contrôler tout le monde. C’est dingue qu’en France, on puisse avoir le permis de conduire à vie, sans aucun contrôle."

"Il faut que le gouvernement intervienne"

Selon Pauline Deroulède, l’âge ne doit même pas être le premier critère pour l’instauration d’un contrôle médical pour les automobilistes. "L’âge n’a rien à voir avec l’aptitude d’un contrôleur, assure-t-elle. Une personne de 80 ans peut être tout à fait capable de conduire par rapport à une personne de 50 ans qui a un début de Parkinson et ça peut être beaucoup plus dangereux au volant. On n’est pas tous égaux. C’est pour cela qu’il faut un contrôle médical pour tout le monde, avec un diagnostic clair pour tester tous les sens et toutes les capacités. Ça existe dans le reste des pays européens. Il est temps de s’y mettre."

Et souvent, les proches d’un conducteur qui atteint ses limites sont livrés à eux-mêmes. "Il y a beaucoup de familles impuissantes qui se retrouvent face à un proche qui ne veut pas arrêter de conduire, souligne Pauline Déroulède. La responsabilité leur revient et ça aussi, c’est très compliqué. Donc, il faut que le gouvernement statue et intervienne, et prenne cette responsabilité qui est trop lourde généralement pour les familles. Aujourd’hui, le seul recours qui existe, c’est de faire un signalement à la préfecture. Pour moi, cela reste une certaine délation. Et généralement, on se rend compte que ces démarches n’aboutissent pas, du fait de l’encombrement administratif dans les préfectures."

"C’est compliqué pour les familles qui ne peuvent que s’en remettre qu’au médecin traitant pour essayer de convaincre cette personne, c’est très culpabilisant. C’est un poids, une culpabilité, à porter. Je reçois tous les jours des messages de familles impuissantes qui me demandent un recours et malheureusement, il n’y en a pas d’efficace", ajoute la joueuse de tennis handisport.

"Il faut renforcer l’offre de mobilité sur tout le territoire"

Mais en privant ces personnes de la possibilité de conduire leur voiture, c’est leur capacité de se déplacer qui serait fortement réduite. "Aujourd’hui, le gouvernement est très frileux, parce qu’on touche à la voiture, quelque chose de sacré, à la liberté d’aller et venir des citoyens, reconnait Pauline Deroulède. Mais je pense que si on met en place un énorme chantier de solution alternatives de mobilité, on peut y arriver. Le but, c’est de ne pas isoler les gens qui sont dans les milieux ruraux, par exemple, et qui n’ont pas d’autre solution que de prendre la voiture. C’est pour ça qu’il faut renforcer l’offre de mobilité sur tout le territoire. C’est encore trop inégal selon la région où on habite, c’est à l’initiative des collectivités locales. On est capable de le faire."

LP