Faut-il renationaliser les sociétés d'autoroute? Ça fait débat sur RMC
L'Etat peut-il reprendre la main sur le réseau autoroutier? Théoriquement oui: soit en attendant la fin des contrats passés avec les sociétés concessionnaires -Vinci, Eiffage…- mais il faudrait patienter plus de 10 ans pour les contrats les plus courts, autant dire une éternité.
L'autre solution serait de résilier ces contrats dès maintenant. Ça coûterait plusieurs dizaines de milliards d'euros selon les estimations, mais en ce moment, les taux sont bas, emprunter ne coûte rien et d'un point de vue juridique, selon l'avocat en droit routier Matthieu Lesage, c'est tout à fait possible:
"Un jour, ça pourrait devenir une réalité parce qu'il y a la place juridique. Par exemple, l'Etat peut résilier le contrat de concession en cours parce qu'il y a une clause qui le lui permet, c'est le retour à bonne fortune, la bonne fortune de l'Etat, c’est-à-dire qu'il a l'argent pour remettre la main sur les autoroutes. Aujourd'hui, s'ils étaient résiliés, on pourrait remettre à plat les tarifs, une vraie mise en concurrence, les tarifs des péages baisseraient. L'Etat est le propriétaire du réseau autoroutier mais on ne dirait pas".
1,7 milliard d'euros de dividendes pour les actionnaires
Effectivement, les 900 km d'autoroutes appartiennent à l'Etat mais ce sont les sociétés concessionnaires qui les gèrent, qui décident des tarifs et qui investissent pour entretenir le réseau, un réseau de très bonne qualité, il faut le dire, et tout cela coûte beaucoup d'argent, mais ça rapporte également beaucoup. Selon les derniers chiffres disponibles, les actionnaires des sociétés d'autoroutes se sont partagé 1,7 milliard d'euros de dividendes en 2017. 17% des tickets aux péages sont partis dans leur poche.
Et qui sont ces actionnaires? Sanef est détenu à majorité par un concessionnaire espagnol, les autoroutes Paris Rhin Rhône sont partagées entre le groupe Eiffage et une société australienne et le groupe Vinci se répartit entre de nombreux investisseurs étrangers comme le Qatar et la Banque centrale norvégienne.