Fin des véhicules thermiques: "Il faut que le pouvoir d'achat suive", plaide Jean-Baptiste Djebbari

Le Parlement européen a approuvé ce mardi la fin de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035. Les eurodéputés ont adopté une nouvelle réglementation prévoyant de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035.
À cette date, les ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel, ainsi que les hybrides, seront interdites. L'objectif est d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, alors que l'automobile est le premier mode de déplacement des Européens et représente un peu moins de 15% des émissions de CO2 totales dans l'UE.
Mais la décision fait aussi grincer des dents, car elle pourrait déstabiliser la filière automobile qui emploie 13 millions de personnes en Europe. Le passage au tout électrique rendrait aussi l'Europe "dépendante des composants de batterie de Chine et d'Afrique", dénonce l'eurodéputée communiste tchèque Katerina Konecna.
Vers une explosion des prix du pétrole?
"Cela a déjà des conséquences sur notre vie de tous les jours", alerte ce mercredi dans "Estelle Midi" sur RMC et RMC Story Pierre Chasseray, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. "Les constructeurs vont arrêter d'investir dans une technologie thermique pour l'améliorer. Pendant dix ans, on va avoir un seuil technologique qu'on ne va pas franchir. On va abandonner les véhicules hybrides également, c'est dommage".
Il craint aussi de voir les prix du pétrole exploser: "Les pays producteurs ne vont jamais faire de cadeaux alors que l'Europe est en train de condamner le pétrole. Ils vont nous le revendre beaucoup plus cher et on va se retrouver avec des conséquences à court-terme directement sur nous", déplore Pierre Chasseray, qui assure aussi que les particules fines sont émises par la poussière des pneumatiques et des particules de frein.
La voiture électrique à 100 euros par mois promise par Emmanuel Macron se fait attendre
"On fait des normes et il faut que le reste suive", déplore également l'ex-ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "Il faut que le pouvoir d'achat suive car une voiture propre, c'est plus de 30.000 euros", rappelle celui qui est désormais au conseil d'administration d'Hopium, un fabricant de voitures à hydrogène.
Medhi Ghezzar, entrepreneur et garagiste, rappelle que le président de la République s'est engagé à rendre les véhicules électriques accessibles, une promesse qu'il n'a toujours pas tenue. "Emmanuel Macron avait promis que les Français achèteraient des véhicules écologiques à 100 euros par mois. Mais aujourd'hui, ce n'est pas possible, sauf s'il les ramène de Chine", tacle-t-il.
Interrogé ce mercredi matin à ce sujet, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a assuré que les contours de cette mesure allaient être mis en place d'ici la fin de l'année: "On ne peut pas faire cette transition sans tenir compte des emplois et en subventionnant des voitures produites à l'autre bout du monde. Il faut une transition juste et solidaire et avec une réindustrialisation", a-t-il promis.