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"Blocage total" en Corse: Gilles Simeoni demande "le respect de la parole de l’Etat"

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Sur RMC, ce vendredi matin, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, confirme le "blocage total" de l’île par une grève surprise dans les aéroports et les ports. Un mouvement qu’il comprend, face à une remise en cause par l’Etat d’un engagement pris par le gouvernement précédent.

Une grève surprise paralyse la Corse depuis ce jeudi après-midi. Le trafic aérien et portuaire est à l’arrêt, jusqu'à nouvel ordre, dans les quatre aéroports et les six ports, à cause d'un mouvement lancé par le syndicat des travailleurs corses. Ces derniers redoutent la perte de la concession de ces infrastructures au 1er janvier, à la suite des doutes émis par Alexandre Patrou, secrétaire général aux Affaires corses, sur le futur modèle de gestion des aéroports et des ports de l'île proposé par la chambre de commerce et d'industrie de Corse.

"Au moment où je parle, malheureusement, le blocage continue d’être total, explique Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, qui soutient le mouvement, ce vendredi matin sur RMC. J’ai bien conscience des inconvénients qui sont vécus, et pas seulement par les gens qui doivent partir de Corse. Tout le monde est impacté, y compris de façon personnelle. J’ai eu un ami au téléphone il y a cinq minutes. Il est bloqué dans un bateau au large de Bastia, il m’a dit qu’il y avait des problèmes avec des personnes âgées. Ce matin, des avions devaient partir avec des passagers médicaux."

Le parti-pris : Un mouvement social bloque les ports et aéroports corses - 04/10
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"La déclaration de l’Etat a été une totale surprise"

"L’étincelle, ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la position de l’Etat hier, souligne Gilles Simeoni. Il y a eu une réaction spontanée." Une grève illégale, sans préavis? "Tout à fait, reconnait le président du Conseil exécutif de Corse. C’est une réaction spontanée, je ne peux que la comprendre. La surprise a été totale. Ce qu’il faut que les Français sachent, c’est que la déclaration de l’Etat a été une totale surprise, est venue remettre en cause de façon brutale et inattendue un engagement qui avait été pris depuis plus d’un an au plus haut niveau, avec le gouvernement précédent."

Pour Gilles Simeoni, le nouveau gouvernement doit s’engager à respecter la parole donnée par la précédente équipe gouvernementale, "Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, l’ensemble du gouvernement et des services de l’Etat avec qui nous avons travaillé". "Nous sommes une île donc la maitrise de nos ports et de nos aéroports est pour nous un élément stratégique, souligne-t-il. Nous sommes complètement opposés à l’idée que des grands groupes internationaux, uniquement mus par une logique de recherche de profits, viennent gérer les ports, les infrastructures aéroportuaires de l’île. C’est exclu. Et l’Etat a partagé notre analyse."

"Un engagement public, clair, écrit" demandé au nouveau gouvernement

Et donc garder la main, mais sans passer par un appel d’offres? "Nous avons construit avec l’Etat un montage juridique qui consiste à créer un syndicat mixte ouvert qui donne ensuite la concession à la chambre de commerce et d’industrie qui est l’opérateur historique, explique Gilles Simeoni. L’Etat a validé le principe de ce montage au plus haut niveau. Nous sommes en train de finaliser ce montage et au moment où ça a été voté à l’unanimité hier, le représentant de l’Etat, contre toute attente, est venu dire ça… Nous sommes trahis et surtout nous sommes inquiets."

"Nous ne demandons pas la Lune, ajoute le président du Conseil exécutif. J’ai entendu le préfet de Corse dire qu’il s’agit d’un malentendu. Dont acte. Si c’est un malentendu, la seule chose que je demande, c’est un engagement public, clair, écrit, de la part du gouvernement actuel, que les engagements qui ont été pris par le gouvernement précédent seront tenus et respectés. Nous ne pouvons pas accepter la remise en cause de la parole du gouvernement précédent. Quels que soient les remaniements ministériels, la parole de l’Etat engage l’Etat. Nous demandons le respect de la parole de l’Etat."

Laurent Picat Journaliste RMC