Grève SNCF: "Venez faire notre métier, vous verrez s'il n'est pas difficile", s'énerve une contrôleuse

"Venez faire notre métier, vous verrez si notre métier n'est pas difficile [...] On entend toujours les mêmes choses, qu'on est payés à rien faire, qu'on est des nantis": c'est le coup de gueule poussé ce vendredi au micro des Grandes Gueules par Valérie, contrôleuse chez la SNCF. Des appels à la grève pour début mai de plusieurs syndicats de l'entreprise ferroviaire laissent présager une "semaine noire" dans les transports début mai.
Les contrôleurs de la SNCF sont en effet appelés à se mettre en grève par SUD-Rail ainsi qu'un influent collectif baptisé CNA (collectif national ASCT) les 9, 10 et 11 mai. La CGT-Cheminots a, elle, appelé à se mobiliser dès le 5 mai. Les revendications portent principalement sur les plannings, trop imprévisibles et modifiés à la dernière minute, selon les syndicats, mais aussi sur les primes de travail.
Le ministre des Transports juge les revendications "pas légitimes"
Le ministre des Transports Philippe Tabarot a jugé ce vendredi, sur CNews-Europe 1, que les revendications n'étaient tout simplement "pas légitimes". Le ministre a remis sur la table sa proposition de loi - adoptée au Sénat en avril 2024 mais dont l'examen n'a pas été poursuivi à l'Assemblée - qui prévoit notamment un quota de 30 jours par an durant lesquels les personnels de transport seraient privés de leur droit de grève, avec une limite de 7 jours d'affilée par période d'interdiction.
"Il y a des personnels pour qui la tâche et la pénibilité sont beaucoup plus importantes que pour les contrôleurs qui ne sont pas les moins privilégiés", a estimé Philipe Tabarot. "On a des prises de service à 3h du matin, on fait de l'extrême matinée, de l'extrême soirée, on ne dort pas tous les soirs chez nous, on a des contraintes", a rappelé Valérie, contrôleuse chez la SNCF, réfutant par ailleurs un "usage permanent de la grève". Concédant entendre le ras-le-bol des usagers: "Au niveau des usagers, on l'entend dans les trains."
"Je touchais moins que le Smic"
L'employée de la SNCF a aussi pointé du doigt que l'entreprise avait beaucoup de mal à recruter. La raison selon elle, les salaires: "On réclame que le montant" des primes soient intégrés "à notre traitement de base, car à la retraite, on se retrouve avec moins que le Smic", poursuit-elle. "J'ai été augmenté cette année, je touchais moins que le Smic!"
"Je ne pense pas que la direction pourra éviter la grève, on arrive à certaines limites", a prévenu Valérie.
Justement, le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet a de son côté critiqué l'appel à la grève, jeudi dans les colonnes du Parisien, estimant que la compagnie ferroviaire "avait fait le job" concernant les revendications salariales, et ce depuis 2022. "Pour 2025, je rappelle que nous avons négocié en fin d'année dernière une augmentation générale de 2,2 %, plus que l’inflation", a-t-il rappelé.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé ce vendredi sur RMC la direction de la SNCF à "négocier" afin que "les trains circulent" cette semaine-là, propice à une forte affluence dans les gares avec le pont du 8 mai.