Incivilités contre la SNCF: "Il faut prendre les problèmes à la source" selon un syndicaliste

"Me fais pas ch…, c…". C’est l’un des messages qui s’affichent depuis ce lundi dans les gares et sur les réseaux sociaux. Une campagne de la SNCF pour dénoncer les incivilités qui visent ses agents, entre agressions, insultes et menaces, avant la période estivale avec ses trains très chargés et la cohue à l’approche des quais. La compagnie, qui veut "interpeller sur ce phénomène", rappelle aussi les sanctions maximales encourues pour outrage à agent, jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.
En 2023, la SNCF a enregistré 6.000 actes de violence verbale ou physique, soit 16 par jour en moyenne. "C’est pour ça que je ne suis plus contrôleur, explique Brice, désormais conducteur de train, dans Estelle Midi ce lundi sur RMC et RMC Story. Il y a le bashing de la SNCF sur les réseaux sociaux. On est traité de fainéants, de bons à rien, toujours en grève… Dans les journaux télévisés, on se fait tailler. Et dans la vie privée, les débats partent aussi."
Il a lui-même été victime d’incivilités. "J’ai été menacé de mort et j’ai subi d’autres insultes, témoigne-t-il. J’ai dit que si je retournais contrôler, j’allais les tarter. Ce n’est plus possible. Les gens sont insupportables. Ils ont oublié leurs devoirs, ils n’ont que des droits."
Certains agents de la SNCF "ont peut-être tendance à être un peu agressifs"
Et Brice a été encore récemment confronté à une scène de tension avec une cliente de la SNCF. "Ma contrôleuse, vendredi soir, condamne une voiture de première classe dans le train parce qu’il y a un problème électrique, raconte-t-il. Le samedi matin, une dame d’un certain âge lui prend la tête en lui disant qu’elle le fait exprès. Elle l’a pourrie pendant une demi-heure. Ma collègue a fait son job et en plus, c’est pour des raisons de sécurité."
Des voyageurs répondent à ces accusations d’incivilités en avançant les attitudes parfois agressives de certains salariés de la SNCF. "Il ne faut pas oublier qu’on est tous des êtres humains. C’est vrai qu’on a des collègues qui ont peut-être tendance à être un peu agressifs, et du coup ça renvoie une mauvaise image et ça monte très vite en épingle. On n’est qu’un miroir", estime Brice.
"Remettre à plat" la politique de tarification de la SNCF
Cheminot et secrétaire fédéral Sud Rail, Julien Troccaz déplore le "ciblage des cheminots", accusés d’être parfois des "preneurs d’otages" lors des mouvements de grève. Il condamne les incivilités, mais appelle la SNCF à "prendre les problèmes à la source".
"Les organisations du travail, par exemple les règles de tarification et de régularisation, ne sont plus adaptées, estime-t-il. Aujourd’hui, on a une politique de tarification à la SNCF qu’il faut remettre à plat. C’est l’une des sources des incivilités. On condamne les agressions, ce n’est pas normal que nos collègues soient insultés. Et à l’inverse, il faut prendre les problèmes à la source. Quand tous les jours, sur la ligne entre Chambéry et Lyon, les trains sont toujours en retard, les incivilités, c’est un ras-le-bol du service ferroviaire. Je suis conscient que ça ne va pas tout régler, mais traitons les problèmes."