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"J'étais à 110 km/h et la voiture est descendue à 30 km/h": Renault laisse-t-il rouler des véhicules dangereux?

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RMC S'ENGAGE POUR VOUS - Plus de 400.000 véhicules Renault auraient été équipés d'un moteur potentiellement défaillant. Des milliers de victimes prennent la parole et envisagent de lancer une procédure collective au pénal avec l'aide d'un avocat. Des documents prouvent que le groupe Renault était au courant du problème depuis des années.

Le 9 octobre dernier, Rachel roule sur l'autoroute entre Rennes et Caen à plus de 110 km/h. Elle est au volant de sa Dacia de 2017 quand elle a une panne de moteur. Et la peur de sa vie, comme elle le raconte à "RMC s'engage pour vous" (rmcpourvous@rmc.fr): "J'étais à 110 km/h quand tout d'un coup, la voiture est descendue à 30 km/h et tous les voyants se sont allumés. J'ai fait un début de crise de panique avec le cœur qui s'emballe et les mains qui transpirent. Tout de suite, j'ai mis les warnings pour prévenir les voitures qui étaient derrière et j'ai fini ma route pour rejoindre le garage sur la bande d'arrêt d'urgence à 30 km/h en première".

Grosse frayeur donc pour Rachel, qui appelle Renault. Mais le constructeur refuse toute prise en charge. Motif invoqué: un soi-disant mauvais entretien du véhicule. Sauf qu'en réalité, le problème viendrait du moteur. Un moteur "1.2 TCE" avec lequel des milliers d'automobilistes ont vécu la même mésaventure. En cause: un vice caché, une surconsommation d'huile qui provoque une défaillance du moteur.

Et ce n'est pas un problème nouveau. Dès 2019, l'UFC-Que Choisir avait alerté la répression des fraudes, révélant des documents prouvant que Renault était bien au courant. C'est à ce moment-là qu'Olivier Blanchet, qui a connu la même situation, crée une page Facebook pour rassembler les victimes de la défaillance: "Je me suis rendu compte que je n'étais pas tout seul. On a d'abord été des dizaines puis par voie de presse, ça a augmenté".

"Depuis 2015, ils savent très précisément ce qui se passe sur ces moteurs-là, mais ils n'ont alerté à aucun moment les clients. Ils ont essayé de régler le problème en interne pour éviter que ça s'ébruite trop et après, ils se contentent de gérer les dossiers au cas par cas. Ils n'ont jamais alerté ou sensibilisé les clients, ils n'ont jamais procédé au moindre rappel. Ce n'est pas très net, ce qu'ils ont fait", raconte-t-il à RMC.

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"Pas à l'abri que quelqu'un perde le contrôle du véhicule, occasionnant des morts"

Pas de rappel des véhicules. Pas d'action de sensibilisation. Pourtant, le problème concerne 400.000 voitures construites entre 2012 et 2016, la plupart encore en circulation. Interpellée par des sénateurs et des députés, la secrétaire d'Etat à l'Industrie Agnès Pannier Runacher a finalement répondu en avril 2020. Et selon elle, le problème "n'est pas de nature à compromettre gravement la sécurité routière, et ne justifie pas un rappel des voitures".

Mais certaines victimes assurent avoir provoqué des carambolages. C'est pour cela que l'avocat Christophe Lèguevaques envisage d'attaquer le groupe Renault au pénal: "Il y a encore des dizaines voire des centaines de véhicules qui circulent. Ces véhicules sont dangereux, ils peuvent casser à tout moment sur l'autoroute. On n'est pas à l'abri que quelqu'un perde le contrôle du véhicule, occasionnant un jour des morts".

De quoi attaquer Renault pour "mise en danger de la vie d'autrui"?: "C'est l'un des arguments que nous développerons dans la procédure pénale que nous lancerons prochainement, quand nous aurons suffisamment de témoignages et de preuves pour aller en justice", ajoute l'avocat.

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Marie Dupin et Anne-Lyvia Tollinchi (avec G.D.)