L'écotaxe sur les billets d'avion est-elle une bonne mesure?

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, l’a annoncé mardi matin à l’issue du deuxième conseil de défense écologique. A partir de 2020, cette écotaxe devrait rapporter 180 millions d’euro par an à l’Etat. Et cet argent devrait servir à financer des infrastructures de transports moins polluants.
Entre 1,50€ et 18€ prélevés sur chaque billet d’avion. Dans le détail, 1,50€ pour les vols en France ou dans l’Union européenne en classe éco. 9€ en classe affaire. 3€ pour les vols internationaux en classe éco. 18€ en classe affaire.
"Il était insensé de voir des vols non-taxés"
Toutes les compagnies aériennes sont concernées. Sur tous les vols, sauf vers la Corse, l’outre-mer et les vols en correspondance. Bénéfice pour l’Etat: 182 millions d’euro par an précisément. Qui serviront à rénover des ponts, des routes, mais surtout construire des rails pour développer le ferroviaire. Ça va dans le bon sens selon Pierre Cannet du WWF France.
"Il était insensé de voir des vols non-taxés, alors même que des gens qui vont au travail tous les jours en diesel contribuent à l'effort national. Donc c'est une bonne nouvelle. Cette taxe vise surtout à voir comment un secteur qui est polluant contribue financièrement au développement d'infrastructures de transport comme par exemple le ferroviaire mais aussi le cyclable."
"Ce sera au détriment des 100.000 salariés directs et indirects de l'aérien français"
Incompréhensible réagit de son côté Air France. Qui craint de voir sa compétitivité fortement pénalisée. Dès mardi soir, sa cotation en bourse chutait de près de 5%. Car ce sont bien les compagnies qui paieront l’écotaxe. Il ne devrait pas y avoir de répercussion sur le prix du billet payé par le voyageur. Ce qui n’arrange pas Laurent Magnin, PDG d’XL Airways.
"Je rassure le public, il ne paiera jamais la taxe. On est en compétition totale avec le reste de la planète qui se moque de savoir s'il va y avoir des taxes ou pas, des concurrents qui se battent à l'euro près pour nous piquer des clients. Donc la taxe ne sera jamais payée par les Français. Donc ce sera au détriment des 100.000 salariés directs et indirects de l'aérien français. les gens ne comprennent pas que 1 ou 2 euros par billet ça représente des dizaines de millions d'euros dans un bilan."
Des arguments que l’on entendait déjà au moment de la taxe Chirac sur les billets d’avion pour financer la recherche sur le SIDA. Près de 15 ans plus tard, la cour des comptes estime que cette taxe n’a eu aucun effet négatif sur l’emploi dans le secteur aérien.
En revanche, cette écotaxe pourrait avoir un effet positif sur la baisse du trafic aérien. En Suède, où elle est déjà en place, le nombre de passager a baissé de 5% sur les vols intérieurs.