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“L'ubérisation”, nouvelle arme anti-chômage dans les banlieues?

En 2015, 2.000 sociétés de transports de VTC ont été créées en Seine-Saint-Denis. La plupart par des chômeurs qui ont ainsi créé leur propre activité. Et la tendance s'est confirmée au premier trimestre 2016. RMC a rencontré quelques-uns de ces entrepreneurs en herbe.

Et si les VTC étaient la meilleure arme contre l'exclusion? Ce nouveau secteur d'activité attire en tout cas de plus en plus de jeunes des banlieues, notamment en Ile-de-France. Pour ces jeunes souvent sans diplôme, sans expérience professionnelle, au chômage, le travail de chauffeur de VTC représente ainsi une opportunité et une porte d'entrée vers la vie professionnelle. Au final, en quelques années, les VTC sont devenus le premier secteur de création d'entreprise dans la banlieue parisienne. L'an dernier, rien qu'en Seine-Saint-Denis, 2.000 entreprises de transports de personnes ont été créées. RMC a rencontré quelques-uns de ces chauffeurs VTC en herbe.

"Uber a été le déclic"

Parmi eux, Lucner, 22 ans, qui, au volant de sa grosse berline noire, semble encore un peu impressionné. Il a surtout du mal à réaliser qu'il est enfin sorti du chômage. "C'est un soulagement, assure-t-il. Généralement quand on cherche du travail on nous répète qu'on n'a pas assez d'expérience, et ce même si on a le diplôme qu'il faut". Et de prendre son expérience en exemple: "J'ai envoyé des CV, je me déplaçais, même tôt le matin, mais je ne trouvais rien. On m'a ensuite parlé de Uber et ça a été le déclic".

Ce déclic, Zacharie l'a eu également. Il s'est récemment inscrit pour suivre une formation VTC après avoir enchaîné pendant des années périodes de chômage et petits boulots de livraison. Une situation précaire qu'il ne pouvait plus supporter. Mais pourquoi Uber? "Le contact humain m'intéresse énormément et la certaine liberté d'activité par rapport à la livraison où il y a beaucoup de charges de travail à enchaîner".

"Une solution assez simple de créer son propre emploi"

Pas de diplôme nécessaire, pas d'expérience requise, juste un permis de conduire: une opportunité, donc, pour des milliers de jeunes en difficulté, comme l'explique Grégoire Héaulme, directeur de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique), qui finance les créations d'entreprise de VTC. "Un tiers de personnes financées l'an dernier sont des jeunes, un tiers viennent des quartiers et beaucoup sont en situation d'exclusion professionnelle et économique", souligne-t-il.

Et de rappeler: "Ce sont avant tout des personnes qui ont du mal à trouver un emploi mais qui veulent s'insérer économiquement, qui ont besoin de s'insérer économiquement et qui trouvent, à travers cette activité, un moyen, semble-t-il, assez simple de pouvoir créer son propre emploi. Car créer son propre emploi est une solution d'intégration professionnelle pour bon nombre de personne". Mais en réalité, il faut travailler dur, environ 10 heures par jour et 6 jours sur 7, pour dégager 1500 euros de revenus en moyenne par mois. Mais tous les jeunes qui se lancent n'en sont pas forcément conscients…

M.R avec Marie Régnier