La Sécurité routière cible les hommes: "L'automobile ne doit pas être une preuve de virilité"

La Sécurité routière lance ce mercredi sa nouvelle campagne. Une campagne de prévention qui doit être diffusée à la télé, au cinéma et sur internet et qui cible cette fois les hommes, pour faire prendre conscience qu’en voiture ou en deux-roues, ils se tuent beaucoup plus que les femmes.
La campagne met en scène les premiers instants entre des pères et leurs fils en salle d'accouchement, un moyen selon la Sécurité routière de pousser les hommes à "résister à la pression sociale, quand la sécurité de tous est en jeu". "Tu n'as pas à suivre ce qu'attendent les gens d'un homme. Écris l'homme que tu veux être", dit la voix off, alors que 78% des tués sur les routes de France en 2022, étaient des hommes.
"La conduite, un enjeu pour prouver sa virilité"
Pour Alain Mergier, sociologue et auteur de l'étude pour la Sécurité routière, l'idée est d'encourager les hommes "à ne pas prendre l'automobile comme un objet autour duquel il doit faire la preuve de sa virilité". "Ce n'est pas le cas pour tous les hommes heureusement, mais sur dix personnes qui meurent, huit sont des hommes", explique-t-il dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story, alors que 84% des responsables d'accidents mortels sont également des hommes.
"Il y a quelque chose dans la conduite qui devient un enjeu pour prouver sa virilité. Et c'est là que des risques sont pris, quand on veut démontrer sa virilité dans sa façon de conduire. Cette confiance en soi finit par les mettre en danger", explique Alain Mergier.
"Les hommes se retrouvent à devoir démontrer qu'ils sont des hommes"
Ces stéréotypes, Clément, monteur raccordeur dans le Finistère, les subit de la part de ses collègues, qui l'accusent de conduire "comme un grand-père". "Je leur dis que je reste en vie et que je ne tue personne, ils reconnaissent que j'ai raison", raconte-t-il. Mais il témoigne aussi de différences de comportements entre hommes et femmes. "On est amené à travailler régulièrement en bord de route, on met des panneaux pour signaler notre présence et 80% du temps, ce sont des femmes qui passent sans prêter attention aux panneaux. Ce sont elles qui font le moins attention aux autres", assure-t-il.
"Le problème, c'est que la conduite automobile devient le champ de la démonstration de la virilité. Les hommes se retrouvent à devoir démontrer qu'ils sont des hommes et ça passe par l'expression automobile, par le fait de faire l'intéressant et le 'kéké'", renchérit Alain Mergier.
Ces stéréotypes "contribuent à perpétuer l'idée que l'homme, contrairement à la femme, aurait une forme d'aptitude naturelle à la conduite, ce qui est totalement faux", déplore le sociologue. L’étude d'Alain Mergier pointe aussi les comportements associés aux stéréotypes de genre, comme la résistance à se faire doubler sur la route ou la minimisation des effets de l'alcool sur la conduite.