Violences routières : "J'ai eu des côtes cassées et 2 opérations", témoigne la victime d'un chauffard

La Sécurité routière a lancé une nouvelle campagne nationale pour faire de la lutte contre l’agressivité au volant une priorité de mobilisation collective. Dans un communiqué, l’organisme rappelle que les incivilités sur la route sont devenues "un fléau quotidien" et que la route doit redevenir "un espace de respect et de courtoisie". alors que le 15 octobre 2024, le cycliste Paul Varry était tué à Paris après avoir été écrasé par un conducteur à bord de son SUV.
La campagne, déployée dans plusieurs grandes villes et soutenue par le slogan "Priorité au respect", vise à sensibiliser les conducteurs à la montée des comportements agressifs : insultes, queues de poisson, coups de klaxon intempestifs, gestes violents ou même agressions physiques.
"La route devient une jungle"
Ces violences, Frédéric, routier dans la Marne, les a vécues: "C’est de la rage. Certains sont enragés, ça fait peur", témoigne-t-il ce mercredi sur RMC. "Je conduis en France, en Italie, en Espagne, et je peux dire qu’en France, la route devient une jungle. Entre ceux qui dépassent par la droite, ceux qui roulent sans clignotant ou ne respectent pas les limitations, c’est devenu dangereux."
Il raconte une scène banale qui a failli tourner mal : "J’ai fait un petit coup de klaxon à un feu rouge pour signaler que le feu était vert. Le gars est descendu de sa voiture, a pris une barre à mine et a commencé à venir vers moi. Les gens sont fous."
"Le respect, on l’a lâché il y a longtemps"
Pour Didier Giraud, chroniqueur des Grandes Gueules, le problème dépasse la route : "Le respect, on l’a lâché il y a trois générations. Quand quelqu’un va frapper un policier en civil juste parce qu’il l’a reconnu, c’est la même logique. Le respect ne s’enseigne plus au sein de la cellule familiale. Il faudra des années pour inverser la tendance."
La Sécurité routière abonde dans ce sens. Dans son communiqué, elle souligne que la campagne s’inscrit dans une "dynamique d’éducation et de prévention": rappeler que la conduite n’est pas seulement une question de maîtrise technique, mais aussi de comportement civique.
Les campagnes de sensibilisation "ne suffiront pas"
Estelle, elle aussi auditrice de RMC, raconte une scène de tension sur la route: "J’ai voulu doubler une voiture sur une deux fois deux voies. Le conducteur a accéléré pour m’empêcher de passer, puis s’est mis à rouler à 30 km/h devant moi, juste pour me bloquer. Un peu plus loin, il a recommencé à accélérer quand j’ai voulu me rabattre." "Je ne pense pas que les campagnes de sensibilisation suffiront. Des incivilités, j’en vois à chaque trajet", ajoute-t-elle.
La Sécurité routière reconnaît, dans son communiqué, que "le sentiment d’insécurité et la colère au volant se nourrissent mutuellement", et appelle à "rompre le cercle vicieux de la frustration et de la violence routière" par des actions conjointes de sensibilisation, de prévention et de sanction.
François raconte, lui, une agression dont il se remet à peine : "En août dernier, un automobiliste m’a frôlé en me dépassant. J’ai levé le bras pour protester. Il m’a attendu plus loin pour essayer de me faucher. Il a recommencé deux fois. J’ai eu des côtes fracturées, deux opérations du rein. Et deux mois plus tard, il roule encore librement."
À travers cette campagne, la Sécurité routière espère redonner un sens collectif au partage de la route. Les affiches et autocollants "Priorité au respect" sont diffusés dans plusieurs centaines de communes, accompagnés d’actions locales de prévention. L’objectif, selon le communiqué officiel, est "de replacer la bienveillance et la responsabilité au cœur de la conduite" et de rappeler que "chaque geste d’agacement peut dégénérer en drame".