Légal mais dangereux, faut-il interdire le protoxyde d'azote au volant?
La consommation de protoxyde d'azote au volant bientôt pénalisée ? C'est l'idée d'Eric Dupond-Moretti, évoquée mardi sur RMC. Le ministre de la Justice envisage de dresser une liste des substances dangereuses qui ne font pas l'objet d'une sanction pénale si elles sont absorbées avant de prendre la route, "mais qui peuvent avoir des effets délétères".
Ce gaz, notamment utilisé en médecine, est populaire chez les jeunes pour ses propriétés "hilarantes". Mais les conséquences peuvent être fatales. Familles de victimes et associations attendent donc une régulation avec impatience.
Il y a deux ans et demi, Amandine a perdu son fils Kenny. En voiture avec des amis, ils étaient partis acheter du protoxyde d’azote. “Sur le retour, après en avoir consommé sur un parking, le chauffeur n’a pas freiné et a percuté deux arbres”, explique-t-elle.
Au tribunal, le chauffeur est condamné à un an ferme. Si la vitesse excessive a été retenue, pas la consommation du gaz.
“C’est clairement aberrant. Trois juges ont clairement pointé du doigt le protoxyde d’azote, mais comme c’est encore légal, ils n’en n’ont pas tenu compte dans la sanction”, déplore-t-elle.
Pas encore d'outils de dépistage efficaces
De quoi provoquer la colère d’Amandine, qui s’est depuis engagée dans la prévention des risques auprès des jeunes. “Comme c’est légal, les jeunes en consomment encore, font des accidents. Pour eux, comme c’est légal, c’est permis et il n’y a pas de limites”, indique-t-elle.
Pour les associations comme la Ligue contre la violence routière, la proposition du ministre va donc dans le bon sens. Mais ça ne suffit pas selon le vice-président Pierre Lagache. Car les outils de dépistage ne sont pas encore au point.
“Cette mesure est plutôt une mesure logique. Mais si on souhaite développer la pression de contrôle, il nous faudra des outils fiables, déployables à une échelle suffisante pour que ce soit dissuasif”, indique-t-il.
Outre la perte de réflexe, le protoxyde d’azote peut aussi entraîner des troubles neurologiques et cardiovasculaires chez les consommateurs.