Montpellier va rendre gratuits les transports en commun: est-ce vraiment une bonne idée?

Montpellier devrait bientôt avoir le plus grand réseau de transports en commun gratuit d'Europe. Dès décembre 2023, les transports en commun seront gratuits pour tous, tout le temps. C'était déjà le cas le week-end, pour les moins de 18 ans ou les plus de 65 ans. Le dispositif va donc être élargi. Ceux qui ne sont pas contribuables de l'aire urbaine, les visiteurs, les touristes, continueront eux de payer leur ticket.
Des arguments écologiques et sur le pouvoir d'achat sont apportés. Le maire et président de la métropole, Michaël Delafosse (PS), avait fait de cette mesure l’une de ses principales promesses de campagne lors des dernières élections municipales, et justifie son choix dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story. Il assure que cela fait partie, comme l'incitation au covoiturage, d'une mesure de lutte contre "l'auto-solisme" (sic).
"C'était une promesse, nous avançons. Tenir nos engagements en termes de réductions de nos émissions de CO2, qui sont une priorité absolue pour la France, nous le faisons à Montpellier", se félicite-t-il, estimant que ce sont des "changements tangibles et perceptibles".
"Franchement, je pense que ça va changer la vie de beaucoup de monde"
Cela concernera 500.000 habitants, qui dans l'ensemble sont ravis de cette décision. Pour Emma, 19 ans, qui fait partie des 40.000 étudiants que compte Montpellier, la gratuité des transports est une très bonne nouvelle. "Cela évite de prendre la voiture et de payer le parking. Ça va me faire économiser environ 300 euros par an, je pense", salue-t-elle.
Kevin, 32 ans, employé dans la restauration collective, ne cache pas que ça va l’aider à boucler ses fins de mois. "Franchement, je pense que ça va changer la vie de beaucoup de monde. 30 euros par mois, même pour ceux qui travaillent, de nos jours, ce n'est pas toujours facile."
"Le risque est que ça se traduise par une dégradation de l'offre de transports"
Mais du côté de l’opposition, on s’inquiète du financement de la mesure qui devrait coûter 30 millions d’euros selon la mairie, voire 42 selon un rapport de la chambre régionale des comptes d'Occitnaie.
Alenka Doulain, conseillère municipale Nupes, regrette qu'il n'y ait pas de plan de financement pour une telle mesure. "Donc le risque est que ça se traduise par une dégradation de l'offre de transports que ce soit en fréquence, en amplitude et en amélioration du maillage". Des inquiétudes partagées à droite également.
"Les usagers ne réclament pas forcément la gratuité mais ils veulent des transports fiables"
Olivier Razemon, journaliste spécialiste des transports, redoute que ce manque à gagner ne soit problématique pour la viabilité de ce projet. Il reconnaît que c'est une "bonne idée, sur le moment", mais s'inquiète du futur.
"A long terme, en fait, ça ne fonctionne pas. Les usagers ne réclament pas forcément la gratuité mais ils veulent des transports fiables. Pour cela, il faut de l'argent. A chaque fois que ça a été mis en place, soit on revient en arrière, soit le réseau finit par dépérir un peu ou être moins fréquenté. Il faudra voir sur le long terme", explique-t-il.
De son côté, la mairie socialiste de Montpellier assure que les investissements seront assurés et même amplifiés, avec une nouvelle ligne de tram qui verra même le jour. "La gratuité, ça représente près de 5% du budget de la métropole. Si vous êtes un maire et que vous n'êtes pas capable de faire bouger 5% de votre ville, alors faites autre chose", tacle-t-il.