Nids-de-poule, gravillonnage... L'entretien des routes sacrifié sur l'autel de la rigueur budgétaire?

Les collectivités locales ont de plus en plus de mal à assurer l’entretien du réseau routier. "L'entretien des routes tourne au casse-tête budgétaire" titre Les Echos ce mardi dans une enquête. Les comptes publics sont dans le rouge, les voies se dégradent, le coût des matières premières, lui, est en hausse. "Le coût de rénovation des routes a augmenté de 30% sur cinq ans", dit-on dans le Cher.
Les entreprises de construction et d’entretien des routes mesurent aussi la tendance : "L'an dernier, il y a eu un ralentissement marqué sur les nouveaux projets d'investissement, qui va se poursuivre". Nos routes sont-elles sacrifiées sur l’autel de la rigueur ?
Les collectivités locales ont la charge de l’essentiel de nos routes et c’est déjà leur premier poste d’investissement. En 2023, l'entretien des routes françaises a coûté 13,3 milliards d'euros. Un budget en hausse de 21% par rapport à 2017. Plus d’un million de kilomètres de routes. Deux tiers pour les communes, un tiers pour les départements. C’est 99% du réseau.
Et il y a toujours plus de circulation : ce qui a motivé la région Grand Est à reprendre le contrôle de certaines autoroutes. Les élus y décrivent des axes engorgés qui "n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’investissements". Face au passage répété des poids lourds, la région adopte un nouveau projet "d’écotaxe". "Si cette taxe avait été mise en place il y a 12 ans, nous n’aurions pas l’A31 dans l’état dans lequel elle est aujourd’hui", explique la région.
Réparations au rabais
Tous les départements ont sorti la calculette pour appuyer sur le bouton soustraction. Dans le Cher, -25% pour les dépenses d’entretien. On privilégie des enduits superficiels, ce qu’on appelle le "gravillonnage", plutôt que de refaire l’enrobé de la route. Beaucoup moins cher, mais moins durable. Même genre d’économies en Essonne. Les petites communes sont souvent obligées de s'en tenir à du bricolage.
"Il y a eu un retard collectif sur l'entretien de ce patrimoine", dit un Centre d’Etudes expert du dossier, avant d’ajouter "tout ce qu'on ne fait pas en entretien, on le paie plus cher à l'avenir en réparations".
Une route mal entretenue, c’est aussi un coût pour les entreprises, les transports en commun et les particuliers. Sans compter les risques d'accidents qui peuvent alourdir encore les dépenses publiques en matière de santé et de réparation.
Le dérèglement climatique accentue le problème
Le dérèglement climatique n’arrange rien. Il est un "accélérateur du vieillissement des routes" pour le conseil départemental de l’Allier. On voit souvent s’opérer du "retrait gonflement d’argile". La pluie puis la sécheresse viennent craqueler les routes. C’est comme pour les fissures des maisons. La route, doit encaisser les vagues de chaleur qui fragilisent les matériaux, comme les gels successifs. La pluie accélère l’érosion, les inondations provoquent des affaissements. Le vent multiplie les chutes d’arbres sur la chaussée peste un élu local...
En Haute-Garonne, on mise sur la technologie. Partout, on développe des revêtements modernes qui permettent une meilleure résistance aux aléas climatiques. Mais près de Toulouse, on expérimente un outil d’Intelligence artificielle. L’IA pour analyser l’état des routes, proposer une vue rapide mais globale du réseau pour prioriser les actions.