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Nord: le TER passe, les barrières du passage à niveau restent ouvertes

Une mère de famille, qui accompagnait son fils à l'école, mardi matin, a échappé de peu à un drame au passage à niveau de Recquignies, où trois jeunes avaient été tués en 2010 lors d'une collision avec un train.

De quoi faire resurgir de très mauvais souvenirs pour les familles. Un accident a été évité de justesse, mardi, à un passage à niveau de Recquignies, dans le Nord: les barrières sont restées ouvertes malgré le passage d'un train à plus de 100km/h à cet endroit. Mais elles se seraient bien baissées de l’autre côté de voie ferrée.

Un dysfonctionnement auquel à assister une mère de famille et qui lui a rappelé un drame survenu au même endroit: le 20 décembre 2010, trois garçons âgés de 21 à 24 ans avaient perdu la vie dans les mêmes conditions, percutés par un TER. A bord d'une Clio, ils avaient été percutés à 140 km/heure par un train de la ligne Jeumont-Lille, en direction de Maubeuge.

Sur RMC, Virginie raconte la scène alors qu'elle emmenait son fils à l'école, comme tous les jours: "Je parlais à mon fils et lui faisait réciter sa leçon pendant que le train passe. Mon fils me demande alors ce que font les barrières. En regardant, j'ai vu les deux barrières ouvertes". 

"Je ne veux plus que ça arrive à d'autres"

Sortis indemnes, Virginie et son fils appellent la gendarmerie pour prévenir de ce qu'il vient de se produire. Le même phénomène se serait produit un peu plus tôt, au passage du train de 6h40. Dans cette commune de 2400 habitants, le souvenir du drame de 2010 reste douloureux: "Les trois enfants, je pense qu'ils ont eu le même souci et c'est vraiment malheureux..." souffle Virginie.

Nathalie, la maman de Yohan, l'une des trois victimes du passage à niveau en 2010, reste persuadée qu'il s'agit d'une "défaillance qu'il faut que la SNCF reconnaisse".

"On est en colère, on a de la rage! On ne demande qu'une chose: qu'ils nous rendent nos enfants, mais ce n'est pas possible... On ne peut plus faire marche arrière. Vis à vis de la SNCF, nous ne lâcherons rien. Et je ne veux plus que ça arrive à d'autres" confie cette mère de famille sur RMC.

La SNCF dément tout dysfonctionnement

Huit ans après, aucun procès n'a encore eu lieu. De quoi exaspérer les trois familles de victimes."Depuis 8 ans on essaye de faire condamner la SNCF" explique Bruno Pietrzak, avocat des familles, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. "Le dysfonctionnement des barrières mardi est le même que celui qui a tué 3 jeunes en 2010" explique-t-il avant d'indiquer que "C'est révoltant et dramatique pour la mère de famille et les familles des victimes".

Huit ans après le drame, le ministère public estime dans ses réquisitions qu'il n'y a pas lieu d'engager des poursuites pénales. Un procès pénal n'aura donc peut-être pas lieu. Mais alors quelle responsabilité pour la SNCF? Y a-t-il eu dysfonctionnement?

Contactée par RMC, la SNCF dément le témoignage de Virginie. Selon l'entreprise, il est impossible d'un point de vue "mécanique et électrique" qu'un tel dysfonctionnement des barrières uniquement dans un sens se produise.

Mahaud Becker-Granier et X.A