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Nuisances sonores sur la ligne LGV Paris-Rennes: "L'impression qu'un avion à réaction nous arrive dessus"

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- - AFP

Rennes est désormais à moins d'1h30 de Paris grâce à la ligne à grande vitesse, en service depuis le 2 juillet dernier. Mais pour les habitants des communes traversées par les trains, le passage du TGV est synonyme de nuisances sonores. Et certains riverains sont excédés par le bruit. Eiffage, le maître d'ouvrage promet de nouvelles études acoustiques.

Michel Briffault est le maire de Coulans-sur-Gée, commune à une dizaine de kilomètres à l'ouest du Mans, dont certains riverains se plaignent des nuisances sonores.

"La ligne LGV Paris-Rennes passe sur toute la longueur de la commune. La ligne a commencé à fonctionner le 2 juillet. Dès le soir du 2 juillet, j'ai eu des appels de riverains qui étaient impressionnés par le bruit. Moi, je ne suis pas spécialiste, je leur ai dit d'attendre un peu, que la ligne était neuve et qu'il fallait que ça se tasse.

Au fur et à mesure, l'ensemble des riverains s'est manifesté. Moi je ne suis pas tout près de la ligne, mais j'ai été surpris de l'entendre en fonction du sens des vents. Le problème du bruit n'avait pas tellement été évoqué lors de toutes les études de la ligne LGV dans la mesure où on regardait surtout l'impact sur les terres agricoles et les habitations. On avait des données de bruit, mais avoir des données sur papier et du bruit dans la réalité, ce sont deux choses bien différentes.

"Une famille a déjà déménagé"

Les riverains qui habitent à 80 mètres de la ligne sont impactés au quotidien. Il y a un nombre de trains qui circulent - plus de 80, et il va y en avoir davantage - le matin de 6h à 9h, de 11h à 14h et de 17h à 22h, donc à certains moments, les trains se croisent ou se suivent.

Le soir, les riverains qui sont au bord de la ligne, n'ont plus qu'à rentrer chez eux et fermer toutes les portes et toutes les fenêtres. Et même comme ça, on entend encore les trains. Certains riverains sont sur le point de péter les plombs. Ils n'arrivent plus à supporter ces trains. Il y a déjà une famille qui a déménagé et la propriétaire ne trouve pas de remplaçant pour louer la maison.

"On leur disait que ce serait le bruit de l'essoreuse d'une machine à laver"

Beaucoup d'habitants du Mans sont venus habiter à Coulans-sur-Gée pour trouver du calme et de la tranquillité. Et aujourd'hui, ils perdent cette qualité de vie. Nous avons eu une réunion ce lundi soir, j'ai écouté la grosse soupe technique. Ce que j'en retiens c'est qu'eux partent sur une moyenne journalière de bruit. Mais comme les trains circulent par pics, dans ces moment-là on a l'impression qu'un avion à réaction nous arrive dessus.

On a l'impression que les riverains ont été un peu seuls. Dans le monde agricole par exemple, les gens ont su s'organiser pour batailler et obtenir des dédommagements. Ils ont l'impression qu'ils ont été abandonnés. Quand le dossier a été présenté, on leur disait que ce serait le bruit de l'essoreuse d'une machine à laver. Mais là ce n'est plus une essoreuse, c'est une machine à laver industrielle. Ils ont l'impression d'avoir été manipulés sur le sujet.

"Nous allons mener nos propres mesures acoustiques"

En terme de moyenne journalière, ils sont dans le cahier des charges. Ils n'ont pas tenu compte des pics et des problèmes humains que ça peut engendrer. Eiffage, le maître d'ouvrage, nous a proposé de refaire des analyses de bruit fin octobre avec des données qui sortiront fin 2017, début 2018, puis de refaire une table ronde. Ces chiffres seront forcément bons. Mais on ne va pas pleurer avant d'avoir mal. Nous allons nous concerter avec les autres mairies et allons mener nos propres mesures acoustiques et voir s'il n'y a pas une grosse différence entre nos analyses et celle d'Eiffage.

Ce qui est inquiétant, c'est le mal-être des riverains. J'ai la crainte que certaines personnes explosent. En terme de bruit, on part de zéro. Quand vous vous trouviez au bord d'une forêt avec seulement le bruit des oiseaux et quelques bruits de tracteurs et qu'on vous amène un train toutes les trois minutes, la réaction des habitants est compréhensible".

Propos recueillis par Paulina Benavente