Payer par carte bancaire est désormais possible dans tous les taxis. Enfin, en théorie...

Les taxis doivent désormais obligatoirement être équipés d'un terminal de paiement par carte bancaire. - Franck Fife - AFP
Depuis vendredi, les taxis et les VTC doivent obligatoirement être équipés d'un terminal de paiement par carte bancaire. Fini donc, les chauffeurs qui refusent les règlements d'une course par carte bleue. Cette obligation est l'une des conséquences de la loi Thévenoud sur les taxis et les VTC. Selon ce texte, les taxis sont définis comme des véhicules "munis d'un terminal de paiement électronique".
Techniquement, l'obligation est entrée en vigueur depuis le 1er octobre 2014. Les chauffeurs bénéficiaient jusque là d'une période de tolérance lors des contrôles à titre uniquement pédagogique. Depuis vendredi, ils ne peuvent plus échapper à la loi. Ils encourent même une amende de 68 euros si leur voiture n'est pas équipée. A noter toutefois: si tous les taxis ont désormais l'obligation de disposer d'un terminal de paiement électronique, la loi ne stipule pas qu'ils sont obligés de s'en servir.
Nordine Dahmane, secrétaire général de l’union des syndicats FO-UNCP Taxis, accueille positivement cette mesure. "Il est clair qu’aujourd’hui beaucoup de personnes souhaitent payer par carte bancaire. Nous ne pouvons qu’être satisfaits", réagit-il au micro de RMC.
Selon lui, disposer d’un terminal de paiement par carte bancaire apportera de nouveaux clients aux taxis. "Ca permet non seulement d’attirer de nouveaux clients mais surtout de récupérer ceux que l’on a perdus au profit des VTC puisque les VTC, via leur application smartphone, offrent un paiement dématérialisé", estime-t-il. "On constate une prise de conscience des chauffeurs de taxis du fait qu’il faut s’améliorer, qu’il faut accepter les paiements par carte sinon ça sera au détriment de son chiffre d’affaires et ça sera une perte qui ira à la concurrence."
Certains font de la résistance
Mais certains conducteurs résistent encore. À l'aéroport d'Orly, ils sont ainsi nombreux à imposer leurs règles et la carte bancaire reste encore l'exception.
A l'arrivée de son vol, Isabelle pensait par exemple pouvoir trouver facilement un taxi. Mais n'ayant qu'une carte bleue pour payer, deux taxis lui ont refusé la course. "Moi ça m’exaspère parce que souvent je n’ai pas le temps d’aller au distributeur", explose la cliente éconduite. "Je prends plusieurs courses par jour. Le fait qu’ils ne l’acceptent pas je ne comprends pas. Je vais régulièrement à Londres ou dans les autres pays, ils prennent la carte il n’y a pas de problème."
Mais pour Jacques, chauffeur depuis 4 ans, il n’est pas question de s'équiper pour l'instant.
"Moi je ne prends pas la carte. C’est une prise de tête. Je prends les espèces, les chèques", explique-t-il.
La raison? Le coût. "Déjà avec le RSI (le régime social des indépendants, Ndlr) on paie beaucoup d’argent. Avec la machine ça va être encore pire", assure le professionnel.
Terminal trop cher, commissions bancaires gourmandes, la carte n'a pas vraiment la côte auprès des taxis. Eric l'avoue, il fait souvent le tri entre les clients selon leur mode de paiement. "On a des frais avec la carte bleue et pour des petites courses on fait souvent la moue”, dit-il.
"Par exemple, une course qui va faire 25 euros, on va me ponctionner 30 centimes d’euros, quelque chose comme ça. Ca chiffre", fait valoir le chauffeur.
Taxi lui aussi, Aïssa n’avait pas l’équipement nécessaire. Il a préféré se mettre en règle. "C’est vrai qu’on est toujours un peu mal à l’aise quand le client demande si on prend la carte bleue et qu’on lui répond qu’on ne la prend pas. Pour ma part j’ai commandé mon terminal de carte bleue et ça va être installé d’ici quinze jours-trois semaines", indique-t-il.
Désormais, un chauffeur sans terminal risque de passer devant une commission de discipline ou même des pénalités financières.