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"Pensez à covoiturer": de nouveaux messages "verts" obligatoires à la fin des pubs pour les voitures

Sur le modèle de "Fumer tue" ou d'autres slogans, des messages obligatoires seront inscrits sur les publicités des voitures pour inciter à utiliser plus de transports "verts". Entrée en vigueur en mars prochain.

"Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo", "Au quotidien, prenez les transports en commun"... Vous verrez bientôt ce genre de slogans sur des campagnes publicitaires vantant les mérites des voitures. Ces messages d'alerte devront apparaitre sur les publicités de l'industrie automobile à partir du 1er mars 2022.

La règle est inspirée du modèle des slogans bien connus "Ne manger pas trop gras, sucré, salé", "Manger-bouger" ou "Fumer tue". Ces messages deviendront obligatoires sur tous les supports: affiches, sur les écrans de télévision, au cinéma, et même sur internet ou à la radio.

Le but de cette mesure est de promouvoir les transports "verts" et la "mobilité active". En cas de manquement, une sanction de 50.000 euros par diffusion est prévue. Les constructeurs automobiles ont même travaillé en collaboration avec les pouvoirs publics sur ce sujet depuis la loi mobilité de 2019.

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"C'est une utopie de dire qu'on peut n'utiliser que les transports en commun"

Forcément, dans certaines villes où l'utilisation de la voiture est presque obligatoire, ces recommandations sont parfois peu comprises.

A Bondoufle, commune de l'Essonne, tous, ou presque, sont du même avis de dire que la voiture est indispensable.

"C'est une utopie de dire qu'on peut n'utiliser que les transports en commun. Il n'y a pas de bus pour aller chercher du pain!"

Pour François Roudier, porte parole de la Plateforme Automobile. Les effets de ces messages publicitaires ventant les transports en commun, seront limités sur l'utilisation de la voiture.

"On n'a pas de désintérêt soudain de la voiture car le véhicule est un besoin. Souvent, la voiture n'est pas un plaisir mais une obligation car on ne peut pas faire autrement."

"Cela permet de faire comprendre qu'il y a d'autres usages, qu'il y a des alternatives possibles"

Mais pour Tony Renucci, président de l'association Respire, c'est une très bonne initiative.

"Je pense que c'est un bon moyen inscrit dans une stratégie globale. Ce n'est pas cette publicité qui va faire qu'il y aura un bond spectaculaire du covoiturage ou l'arrêt de l'utilisation de la voiture. Mais, par contre, ça permet de faire comprendre qu'il y a d'autres usages, qu'il y a des alternatives possibles."

Pour lui, il faut surtout limiter la voiture individuelle dès que possible.

"Un peu déresponsabilisant. Et ça stigmatise l'automobile": les constructeurs dubitatifs

"Je prends acte, on va s'adapter. Avoir des solutions de mobilité à zéro émissions, c'est le sens de l'histoire", dit à l'AFP le PDG de Hyundai en France Lionel French Keogh. "Mais il y a un paradoxe: il n'y a pas de distinction entre les motorisations. C'est un peu contre-productif par rapport à la volonté gouvernementale de pousser les ventes d'électriques".

"Je trouve ça un peu déresponsabilisant. Et ça stigmatise l'automobile", a poursuivi le dirigeant du constructeur coréen qui résiste à la crise en France avec ses ventes de SUV. "Ça veut dire que globalement, il faut trouver des alternatives à l'automobile. C'est la première fois qu'on a un message assez direct de la part du gouvernement. Mais si je fais un trajet court qui passe par une route nationale, je ne le ferai pas à pied ni à vélo".

"Nous nous conformerons à la législation et analyserons avec notre agence de publicité les moyens pour nous y conformer dès sa date d'application", a indiqué de son côté le groupe Volkswagen, troisième vendeur en France après Stellantis et Renault.

Léna Marjak et Nicolas Ropert (avec J.A.)