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Que veulent les agriculteurs qui bloquent des raffineries et des dépôts de carburants?

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Les agriculteurs ont entamé dimanche soir un mouvement de blocage de plusieurs raffineries et dépôts de carburant pour protester contre la concurrence de l'huile de palme importée sur le marché des biocarburants.

'C'est la goutte d'huile de palme qui fait déborder le vase" pour les agriculteurs. Le premier syndicat agricole, la FNSEA, et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont appelé leurs adhérents à occuper au total 14 sites pétroliers stratégiques durant trois jours reconductibles.

Dans le viseur des agriculteurs: les importations d'huile de palme autorisées par l'Etat pour une usine de bio-carburant Total.

Jusqu'à 300.000 tonnes par an d'huile de palme, produit hautement controversé car accusé de favoriser la déforestation en Asie du Sud-Est, doivent en particulier être importées pour alimenter la bioraffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), doit démarrer cet été. Alors que l'agriculture française peut fournir davantage d'huile de tournesol ou de colza, mais plus chère. 

Les agriculteurs estiment que cet accord va fragiliser la production française d’huile, notamment du colza et du tournesol capables de fournir ces usines en bio carburant. 

Les agriculteurs demandent la réintroduction dans la loi Alimentation, examinée à partir du 26 juin au Sénat, d'un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne. Ils souhaitent aussi que le gouvernement renonce à son contingent d'importation d'huile de palme, et réclament un allègement du coût du travail salarié de saisonniers.

Pas de pénurie en vue

Le mouvement des agriculteurs est observé avec intérêt par les ONG environnementales, d'ordinaire opposées à la FNSEA dans les dossiers phytosanitaires. Les paysans espèrent aussi le soutien des consommateurs, en dénonçant les effets sur le contenu des assiettes d'accords commerciaux internationaux, comme le CETA signé avec le Canada et l'accord UE-Mercosur en cours de négociation.

Une pénurie de carburant n'est toutefois pas à craindre dans l'immédiat, la France comptant au total sept raffineries en activité ainsi que 200 dépôts de carburant. De plus, l'Etat dispose de stocks stratégiques pour trois mois.

Depuis dimanche soir, les raffineries Total de Feyzin près de Lyon, de Gonfreville-l'Orcher près du Havre et de Grandpuits (Seine-et-Marne) sont bloqués par des agriculteurs comme les dépôts pétroliers du port rhodanien Edouard Herriot, du port du Rhin, ainsi que ceux de Vatry (Marne), de Lespinasse près de Toulouse, Coignières (Yvelines) et de Cournon dans le Puy-de-Dôme.

Ils avaient également prévu d'empêcher d'ici lundi matin l'accès aux dépôts de Dunkerque (Nord), Grigny (Essonne), Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ainsi qu'à une autre raffinerie Total à Donges (Loire-Atlantique).

Alice Froussard et X.A (avec AFP)