Réservation obligatoire des TER: un dispositif qui ne fait pas l'unanimité chez les usagers

Un réseau d’usagers des trains craint une généralisation du dispositif à toute la France: jusqu'à présent, un billet TER est généralement sans réservation et permet de monter à bord de n'importe quel train dans la journée. Mais ça pourrait bientôt ne plus être le cas… Depuis juillet, la réservation obligatoire des TER est expérimentée sur deux lignes de la région Grand-Est, les lignes Paris-Troyes-Mulhouse et Paris-Châlons-Strasbourg.
"Nous y sommes farouchement opposés et venons de lancer une pétition qui en 10 jours a recueilli près de 9.000 signatures", a déclaré dans un communiqué mardi le réseau européen #enTrain.
Pour le collectif, la réservation obligatoire est une "avionisation des TER", une contrainte inutile" qui "dissuade de prendre le train" pour un mode de transport "plus polluant tel que la voiture ou le scooter." Elle sera "un nouvel obstacle pour marginaliser les personnes âgées, ceux qui n'ont pas de smartphone ni facilement accès à Internet", a ajouté le réseau européen #enTrain.
Les TER sont financés par les régions en France, qui en gèrent les tarifs et conditions. Seuls les trains à grande vitesse et certains Intercités grandes lignes imposent la réservation obligatoire en France (par la SNCF), ainsi que dans quelques pays latins, selon le collectif.
“C’est embêtant"
Et ce dispositif ne fait pas l'unanimité chez les voyageurs de la gare de l'Est. En attendant son TER pour Troyes, Lucie se rappelle de quelques mauvais souvenirs de voyages. “Ça m’est déjà arrivé de voyager debout ou assise au sol. Le voyage peu etre très long dans ces conditions. La réservation obligatoire, elle y est donc favorable. “Ça permettra que tout le monde soit assis dans de bonnes conditions”.
“Si on a des problèmes de métro ou de RER, si on rate le train et que le suivant est complet, comment on fait?”, questionne alors Ali.
Autre inconvénient pour Charlotte, professeure d'histoire-géographie: même ceux qui ont des abonnements sont concernés par la mesure. “C’est embêtant pour les personnes qui font des trajets quotidiens de devoir tout le temps réserver”.
Pour Pierre Debano, usager des TER dans le Grand-Est, cette réservation représente une complication supplémentaire: “il faut connaitre le train à l'avance, sauf qu’on ne sait pas toujours à quelle heure on finit le travail."
Il dénonce une solution de facilité trouvé par la région et la SNCF pour régler un problème de capacité qu’ils ont eux-mêmes créés. “Je les accuse de ne pas faire preuve d'intelligence pour trouver des solutions qui conviennent à tout le monde".
À cause de ces nouvelles contraintes, les passagers quotidiens sont de plus en plus tentés par des alternatives moins écologiques... C'est ce que regrette Pierre Debano: “J’ai discuté avec une personne qui prenait le TER et qui maintenant prend la voiture. C’est de la pollution en plus et des risques d’accident en voiture”.
Il préconise une réservation facultative, ce qui permettrait à certains de se garantir une place assise tout en permettant à d'autres d'attraper le train en dernière minute.