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Salariés d'Air France arrêtés: cinq ans après, le souvenir des "Conti" refait surface

Il y a cinq ans, les salariés de l'usine Continental de Clairoix avaient eux aussi violemment manifesté pour la défense de leur emploi

Il y a cinq ans, les salariés de l'usine Continental de Clairoix avaient eux aussi violemment manifesté pour la défense de leur emploi - AFP

TEMOIGNAGES - Le mouvement social à Air France et les débordements de la semaine dernière rappellent la bataille menée par les salariés de Continental, en 2009, pour sauver leurs emplois. Dans cette affaire, six personnes avaient été condamnés à de la prison avec sursis pour avoir détérioré la préfecture de l'Oise. RMC est allée à leur rencontre pour savoir ce qu'ils retiennent de cet épisode.

Des salariés violents, interpellés et qui risquent la prison... Cette situation a déjà été vécue par d'autres salariés. Souvenez-vous des "Conti": ces 1.113 salariés licenciés en 2009 lorsque Continental décide de fermer son site de Clairoix dans l'Oise. Dans la bataille engagée contre les patrons, six salariés (dont Xavier Mathieu) avait été condamnés à de la prison avec sursis pour avoir détérioré la préfecture de l'Oise. Cinq ans plus tard, dans un contexte similaire à celui d'Air France, RMC est allée à la rencontre de deux d'entre eux pour savoir ce qu'ils retiennent de cet épisode…

C'était le 21 avril 2009. Ce jour-là, la tension est à son comble. Plusieurs centaines de salariés du groupe Continental manifestent devant la préfecture de l'Oise, à Compiègne. Dans l'après-midi, ils apprennent la fermeture du site de Clairoix, ce qui met donc 1.113 personnes au chômage. S'en suivent des débordements et le saccage de la préfecture. Huit jours plus tard, Gérard Kéromest est convoqué devant les gendarmes qui lui notifient sa mise en examen. "J'ai vécu ça comme une injustice totale, se souvient-il. Je me suis demandé ce que je faisais là. Cela avait duré deux heures et je crois même que la gendarme qui était en face de moi se demandait aussi pourquoi j'étais là".

"J'ai tout perdu"

Il sera finalement condamné à trois mois de prison avec sursis. Cinq ans plus tard, il ne regrette pas: "Je m'en fous. Ils peuvent me foutre autant de casier qu'ils veulent (sic), j'aurais voulu faire beaucoup plus et heureusement qu'on était canalisé…, assure-t-il. Ce jour-là, il faut comprendre qu'on sait qu'on est foutu ! J'ai tout perdu: mon job, ma maison, ma famille, un divorce…" Au total, six salariés seront condamnés mais tous ne l'ont pas vécu comme Gérard Kéromest.

C'est le cas de Saci, par exemple: "Je me suis retrouvé avec un casier judiciaire. Et moi qui suis soignant, je ne peux, du coup, pas travailler dans la fonction publique. Ce qui fait que le salaire ne suit pas, que le train de vie n'est plus le même: on ne peut plus mener la même vie qu'avant". Il en tire donc la conclusion suivante: "Il faut que cela nous serve de leçon". Toutefois, un sentiment demeure: celui du gâchis. L'impression d'avoir donné beaucoup, parfois trop, pour finalement voir leur usine fermer ses portes.

Maxime Ricard avec Thomas Chupin