SNCF: hausse du prix des billets, moins d’offre... le train est-il désormais réservé aux riches?

Coup de la gueule de la part de Fédération nationale des associations d’usagers des transports, sous la forme d’un communiqué, pour dénoncer les hausses de tarifs annoncés par la SNCF. Une hausse de 1,5 % en moyenne selon la compagnie, mais qui ne veut rien dire, selon la Fnaut.
Sur certaines grandes lignes, les prix ont même un peu baissé, mais pour d’autres, les augmentations peuvent atteindre 20%. Ce serait + 24% en moyenne pour les TGV InOui entre 2015 et 2023. Et rien à espérer du côté de l’offre low-cost à grande vitesse: les prix des billets des Ouigo auraient, eux aussi, flambé de 24% entre 2019 et 2023.
"Ils n’ont aucun intérêt à baisser les prix"
Ce n’est pas tout: c’est en fait toute la stratégie de la SNCF qui est remise en cause. Car si les prix grimpent, la Fédération des usagers déplore également la baisse du nombre de trains. L’offre de TGV InOui aurait ainsi diminué de 23% depuis 2015. L’engouement grandissant pour le train n’encouragerait pas la SNCF à inverser la tendance selon la Fnaut.
“Les trains sont pleins, donc ils n’ont aucun intérêt à baisser les prix aujourd’hui. Au contraire… Ce qui transforme le ferroviaire en mobilité réservée aux CSP+, de moins en moins accessibles aux personnes à revenus modestes ou aux familles qui se tournent désormais vers… la voiture”, peut-on lire dans le communiqué.
Exemple de prix aberrants relevés par le Figaro durant l’été 2023: un trajet aller simple entre Paris et Milan, pour des parents voyageant avec deux enfants, un 7 juillet, coutaient 522 euros en TGV, contre 357 euros en avion et 117 euros en voiture.
“On marche sur la tête"
Les chroniqueurs d’Estelle midi se demandent alors: le train est-il devenu un moyen de transport réservé aux riches? Emmanuelle Dancourt, qui prend régulièrement le train Paris-Dijon, dit avoir constaté des augmentations sur le prix des billets depuis quelques années. Elle constate également la baisse d’offre.
“L’avion est parfois moins cher que le train, ce qui pose une question lorsqu’on encourage à une mobilité douce”.
Avis partagé par l’économiste Pierre Rondeau. “Si beaucoup de gens veulent prendre le train, mais que l’offre ne suit pas, de fait, les prix augmentent. Les billets d’avion qui deviennent moins chers que les billets de train, ça me désole”.
Il poursuit: “On marche sur la tête. On nous parle de dérèglement climatique et l'avion coûte moins cher que le train. Ce n’est pas normal. Pour que l'on ait une offre suffisante, il faut investir. Et ce n'est pas l’ouverture à la concurrence qui règlera ce problème”.
Evan, un auditeur, ne trouve pas la hausse des prix aberrante, quand bien même, il a récemment payé 120 euros un aller simple Angers-Annecy. “On achète un confort et une sécurité. Par rapport à la voiture, on n'a pas le stress, on n'a pas à penser à l’essence, au péage, au bouchon. Aujourd’hui, je préfère largement prendre le train que la voiture”, conclut-il.