Suspendre le permis en cas de téléphone au volant: “Le combat est noble, mais la mesure est disproportionnée”

Le préfet des Landes, Gilles Clavreul, annonce qu’à partir du 1ᵉʳ novembre 2025, les conducteurs surpris en train d’utiliser leur téléphone au volant pourront se voir retirer administrativement leur permis de conduire, mesure inédite dans le département.
Avant cette date, au mois d'octobre, une phase pédagogique sera mise en place: les autorités avertiront les contrevenants afin de les inciter à modifier leurs comportements au volant. Actuellement, l’usage du téléphone au volant entraîne déjà une amende de 135€ et un retrait de trois points sur le permis.
La mesure s’appuie sur l’article L224-7 du Code de la route, qui autorise le préfet à prononcer une suspension administrative du permis dans certaines conditions. La durée maximale envisagée est de six mois.
Cette initiative fait suite à un été particulièrement meurtrier sur les routes des Landes: 10 morts entre juin et août 2025, et plus de 3.000 verbalisations pour usage du téléphone depuis le début de l’année.
“Il faut des peines sévères et dissuasives"
La question s’est donc posé ce lundi dans Estelle Midi: doit-on suspendre le permis des conducteurs s’ils utilisent leur téléphone au volant? Pour la chroniqueuse Yaël Mellul, "il faut frapper très fort.” “Il faut des peines sévères et dissuasives. C'est le risque, mais il faut avoir peur de l'autorité, de la peine, de la police", explique-t-elle.
Frédéric, un auditeur, explique faire très attention à ne pas utiliser son téléphone au volant. “Mais j'ai toujours l'impression d'être le pigeon. Les gars qui roulent sans permis, sans assurance, on ne leur confisque rien. J'aimerais que les sanctions ne soient pas toujours sur les mêmes, souvent ceux qui bossent !"
Certains ont également été traumatisés par des accidents liés à l’utilisation du téléphone au volant. C’est le cas de Jean-Marie: "Ma sœur s'est fait renverser par un artisan qui était avec le portable au volant. Elle traverse, l'artisan la renverse, il ne s'en est pas aperçu, il l'a traînée sur 15 mètres! Elle avait la peau brûlée".
"Si on est honnête, on l’a tous déjà fait"
Pour Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, “le combat contre le smartphone au volant, c’est le bon combat.”
Il poursuit: “le combat est noble, mais la mesure est disproportionnée. Pourquoi? Ce qui est condamné en terme juridique ce n’est pas l’utilisation du smartphone, c’est le fait qu’il soit tenu en main. Prenons donc l’exemple de quelqu’un qui est à un feu rouge, à l’arrêt, avec son téléphone à la main, il se fera suspendre son permis de conduire. Or ce n’est pas la même chose que quelqu’un qui l’utilise en roulant, mais les deux auront la même sanction. Ça ne fonctionnera pas au cas par cas”.
Ce dernier se dit énervé contre “l’aspect donneur de leçon”. “Dans les faits, on trouve tous ça très bien cette sanction. Mais si on est honnête, on l’a tous déjà fait. Si on appliquait déjà cette mesure, plus aucun français n’aurait son permis. Il faut plus de prévention, faire des stages, etc, mais cette mesure est disproportionnée”, conclut-il.