Taxe GNR: comment les blocages bretons du monde du BTP ont pesé dans la balance

Après les agriculteurs, le secteur du BTP a réussi à se faire entendre par le gouvernement. Ils ont eux aussi obtenu des mesures compensatoires sur la hausse du GNR, le gazole non routier. Et les mobilisations bretonnes ont pesé dans la balance de ces négociations qui ont abouti à une compensation de la hausse de la taxe pour les petites entreprises de BTP de moins de 15 personnes.
Car les blocages de ces derniers ont fait que le spectre de la pénurie de gazole menaçait mardi encore en Bretagne. Une station sur cinq était en mal d’approvisionnement dans le Finistère. La préfecture du Finistère, comme dans le Morbihan, aurait bien voulu déloger les manifestants mais consigne a été passée de ne pas le faire, selon un bon connaisseur du dossier, pour laisser les négociations se dérouler, au niveau national.
Des négociations suivies en temps réel ce mardi sur le piquet de blocage à Brest, par une quinzaine d’artisans du BTP, avec leurs tracteurs et engins de terrassement. Tous, issus d’entreprises de 15 salariés ou moins, profiteront donc de l’exonération de la taxe annoncée par le gouvernement.
Une victoire en demi-teinte?
Une victoire pour eux, en apparence. Mais presque personne n’a le sourire sur place. "On regrette de faire la banque et de se faire rembourser après coup", grince le représentant des artisans des travaux publics du Finistère, Stéphane Jézéquel.
Le montant de 20.000 euros remboursables, en apparence très élevé, ne va pas concerner grand monde. L’artisan a fait les calculs: sur son entreprise d’une quinzaine de salariés, avec ce qu’il consomme, il devrait se faire rembourser 4.000 euros maximum.
Et puis, il y a un peu d’amertume d’avoir obtenu cette concession entre Bretons, sans le soutien des autres départements. Présent sur le blocage, le député finistérien non-inscrit Jean-Charles Larsonneur, venu soutenir les artisans, regrette qu'on en arrive là. "Finalement, ils obtiennent ce qu’ils demandaient avant l’ouverture du budget 2024, dit-il. On aurait pu s’épargner cette crise."