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Transports

Téléphone, radars, formation: une association de victimes de la route souhaite aller plus loin

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Illustration - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Les sanctions concernant l'utilisation du portable au volant vont être alourdies. Cette réforme va dans le bon sens, selon les associations d'aide aux victimes. Mais il y a aussi d'autres solutions à creuser et plus de contrôles à faire pour que ce soit efficace.

Julien Thibault, président de l’association d’aide aux victimes de la route Victimes et citoyens.

"Il faut avancer sur cette problématique du portable au volant. Les gens ne se sentent pas concernés. On le voit avec le nombre de victimes, on en a de plus en plus qui nous sollicitent ces trois dernières années. En parlant avec les forces de l’ordre, elles nous expliquent qu’avant, sur les réseaux secondaires, s’il y avait un choc frontal, c’était à cause de la vitesse. Et maintenant, c’est à cause du portable presque une fois sur deux, ce n’est pas acceptable.

On retrouve le problème autant chez les jeunes que les adultes. Des jeunes qui envoient des SMS et des photos, et des adultes qui regardent leurs mails ou les informations sur leur smartphone.

"Etes-vous prêts à mourir pour votre travail ?"

On fait de la prévention en entreprise, et on voit que pour eux ce n’est pas dangereux, ils ne se rendent pas compte. On essaye de les sensibiliser, de les informer des risques. On leur demande: ‘Est-ce que vous êtes prêts à vous tuer au travail? Est-ce que vous êtes prêts à dire au revoir à votre famille parce que vous êtes pressés d’envoyer un texto à un client pour un dossier?'

Il faut que le gouvernement arrive à trouver des solutions dans l’éducation autant que sur la répression. On sait bien que les effectifs forces de l’ordre ont tendance à diminuer. En termes de répression, on a des radars multifonctions qui seraient capables de flasher quand il y a utilisation du téléphone.

"Une suspension immédiate de quelques semaines serait positive"

Il y a aussi besoin d’une réforme de l’ASSR (Attestation de sécurité routière délivrée au collège), qui fait beaucoup de savoir-être et pas de assez de savoir faire. Au collège mais également à l’université où il n’y a pas de prévention.

Concernant le répressif, une suspension de permis de quelques semaines ce serait assez positif car cela amène la dimension de gravité de cet acte en punissant le contrevenant mais ça me parait assez pédagogique et pas trop pénalisant. Ca peut faire peur et améliorer le comportement du conducteur.

Mieux expliquer les conséquences financières d'un accident causé à cause du téléphone

Mais il y a beaucoup moins de contrôles qu’il y a cinq ans. Il en faut beaucoup plus, que les conducteurs aient un peu plus ‘peur’. Et cette réforme ne va pas permettre une augmentation du nombre de contrôles.

Les assureurs doivent être plus concernés et informer beaucoup plus leurs clients. On a tendance a beaucoup attendre du gouvernement, mais si les compagnies d’assurances expliquaient ce que pouvait engendrer l’utilisation du téléphone au volant en matière de sécurité et de conséquences financières je pense que ça pourrait faire réfléchir quelques personnes".

Propos recueillis par James Abbott