Transports: qu'est-ce que le versement mobilité, la taxe sur les entreprises votée par la région PACA?

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) a voté mercredi, lors de son assemblée plénière, la mise en place du versement mobilité régional (VMR). Concrètement, la région peut désormais prélever jusqu'à 0,15% maximum de la masse salariale des entreprises qui comptent 11 salariés et plus, et ce afin de financer les investissements dans les transports en commun.
Une contribution qui, au début, a eu du mal à passer pour Philippe Korcia, président de l'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône "On a été profondément choqués car les entreprises, actuellement, souffrent", fait-il savoir au micro de RMC. Toutefois, un compromis a a été négocié entre les syndicats et le président de la région, Renaud Muselier : la taxe ne s’appliquera qu’à partir du 1er juillet 2025 et seulement pour six mois, avant de baisser à 0,08 % en 2026.
"C’est un taux juste qui concilie une juste participation des entreprises et la forte ambition régionale pour son offre de transport. La mobilisation de 50 millions d’euros pour aider les entreprises en difficulté face à la situation économique mondiale", peut-on lire dans le communiqué de la région. Celle-ci est encore en négociation avec les syndicats et les représentants des filières pour adapter le taux selon les secteurs de travail, rapporte Marsactu.
Baisse des tarifs des abonnements
Car le VMR n'a pas que des inconvénients, concède Philippe Korcia. "Je la considère comme un investissement sur la mobilité. Notre territoire en a fortement besoin, il ba y avoir aussi des avantages." "Je fais confiance à Renaud Muselier. Et je veillerai personnellement à ce que les investissements soient bien réalisés sur notre territoire", a-t-il précisé auprès de nos confrères du média local Ici.
La Région prévoit entre autre d'augmenter l'offre des trains et de moderniser les infrastructures. Une bonne nouvelle pour Nicolas Hue, président du comité des usagers des transports marsaillais. "Les entreprises y trouvent leurs comptes", assure-t-il. D'autant que les abonnements régionaux vont baisser de 20% dès le mois de juillet prochain, une décision prise également lors de l'assemblée plénière de mercredi. Nicolas Hue regrette cependant que cette nouvelle manne ne serve pas à baisser également le prix du billet hors abonnement.
"Plus de 500 millions d'euros par an", estime le Medef
Le Medef de son côté est vent debout contre cette décision. Son antenne dans la région PACA fustige une "décision [...] qui se fait au détriment de l’emploi, des salaires nets perçus et du pouvoir d’achat des salariés". Renaud Muselier pointe de son côté que la contribution ne concerne que "3,5% des entreprises de la région. 96,5% ne sont pas concernées". Cela devrait rapporter 74 millions d’euros par an à la collectivité, selon la région, qui estime le coût à 4,5 euros par salarié et par an.
"On ne peut pas demander plus de décarbonation, avec une industrie propre, des transports propres [...] et m'expliquer que c'est gratuit, que personne n'y participe", se justifie Renaud Muselier
Plusieurs régions ont dit non
Toujours selon le Medef, la taxe a coûté plus de 9,3 milliards d’euros" aux employeurs en 2023. Il chiffre à "plus de 500 millions d’euros par an" le montant que pourrait atteindre le VMR, ce qu'il juge "insupportable pour les entreprises de nos régions". Pour rappel, celui-ci était jusqu'alors payé par les entreprises de la région parisienne et des grandes villes et agglomérations.
Le budget de 2025 étend donc désormais aux autres régions la faculté de lever cette taxe sur les entreprises. Plusieurs régions ont depuis décidé de ne pas l'appliquer, comme les Hauts-de-France ou les Pays de la Loire. Le Medef a loué une "décision responsable".