"Un usage culturel et genré": à Roland-Garros, les hôtesses d'accueil sommées de s'épiler les jambes

Si sur la terre battue, les joueuses et joueurs de tennis français n'ont pas brillé à Roland-Garros, en coulisses, les hôtesses et hôtes d'accueil doivent être irréprochables. Comme chaque année, ces hôtes qui accueillent et aiguillent les nombreux spectateurs pendant les deux semaines du tournoi du Grand chelem, doivent respecter un strict "dress code" imposé par la direction, répondant aux règles du "Guide de l'Hôte(sse) parfait(e)".
Cette année, les femmes doivent aborder un maquillage léger et toujours présent, toujours avoir une bouteille de laque à proximité pour les mèches rebelles et avoir en permanence un bouton ouvert sur leur polo. Enfin, elles sont sommées de s'épiler les jambes et les aisselles.
"Le monde d'hier"
C'est ce dernier point qui choque: "Roland-Garros, c’est le monde d’hier, une institution conservatrice, rétrograde, sexiste et misogyne, qui prend les femmes pour des plantes vertes", a taclé la député écologiste Sandrine Rousseau dans les colonnes du Parisien. "Le métier d'hôtesse est structuré sur des stéréotypes sexistes", a estimé de son côté Sophie Binet sur BFMTV. "On nie leur professionnalisme en les enfermant dans un rôle de potiche", a ajouté la secrétaire générale de la CGT.
Si la Fédération française de tennis (FFT) renvoie vers l'agence d'hôtesses, celle-ci se défend en assurant au Parisien qu'il s'agit d'un "métier d'image", l'épilation faisant donc partie intégrante du travail et son "code de l'apparence".
Libre-arbitre
"Les règlements et les codes se situent toujours dans un rapport historique construit et sont le fruit d'un rapport de force historique", peste dans "Estelle Midi", ce mardi sur RMC et RMC Story, la militante féministe Fatima Benomar, présidente de l'association "Coudes à coudes". "C'est un usage culturel, radicalement genré", ajoute-t-elle, citant une étude des années 1970 assurant que l'épilation est le troisième emploi des femmes derrière le travail salarié et les tâches ménagères.
Sur le plateau d'"Estelle Midi", l'économiste Pierre Rondeau tient à rappeler que les candidats au poste sont soumis au règlement interne avant même de signer leur contrat. "Ils acceptent ou non ce contrat et acceptent ainsi ces codes ou non. Tu veux travailler à Roland-Garros, tu dois venir épilée", conclut-il.