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Société

Une association alerte sur les risques de publication des photos des enfants sur les réseaux sociaux

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Publier des photos des enfants sur les réseaux sociaux peut avoir de lourdes conséquences. Selon une ONG américaine, 50% des photos qui s'échangent sur les sites pédopornographiques sont initialement publiées sur les réseaux sociaux par les parents. L'association L'Enfant Bleu lance une campagne de sensibilisation.

Pour montrer à la famille, aux amis ou pour garder des souvenirs... De nombreux parents partagent sur les réseaux sociaux des photos ou vidéos de leurs enfants, et même parfois lorsqu'ils sont en maillot de bain. D'après l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique, 53% des parents ont déjà publié des images de leur enfant.

C'est le cas de Julie, maman de trois enfants, qui a déjà mis "des photos de sport, des photos de visite, d'événements ou de vacances avec mes enfants pour le partager avec mes proches". Elle se dit vigilante et "fait attention au style de photos [...] pas de gros plan, pas de photo avec les enfants dénudés".

Pour renforcer cette vigilance, l'association L'enfant bleu a décidé de lancer une campagne de sensibilisation contre le "sharenting", contraction des mots anglais "share" et "parenting", soit le partage par les parents d'images de leurs enfants sur les réseaux sociaux.

Des sites pédopornographiques

Car cette pratique peut avoir de graves conséquences. En effet, 50% des photos qui s'échangent sur les sites pédopornographiques sont initialement publiées sur les réseaux sociaux par les parents, selon l'ONG américaine "National center for missing and exploited children".

Certains partagent des images, mais prennent des précautions pour que l'enfant ne soit pas identifiable. "Si je publie, c'est de dos ou bien je vais mettre un smiley sur leur tête pour cacher le visage. Le visage, c'est très personnel", explique Médina, qui aime publier du contenu avec ses neveux et ses nièces.

Au-delà de ces techniques, il faut aussi "sécuriser ses réseaux", explique Isabelle Debré, présidente de l'association L'Enfant bleu. "C'est-à-dire, ne pas accepter n'importe quel ami. Regardez si vous connaissez la personne, si ça fait partie de votre famille, de vos vrais amis, parce qu'on s'aperçoit que beaucoup de photos sont détournées."

Une proposition de loi adoptée en première lecture

D'après elle, les parents diffuseraient en moyenne 1.300 photos de leur enfant avant qu'il n'atteigne l'âge de ses 13 ans.

Une proposition de loi, qui visait à "garantir le respect du droit à l'image des enfants", et déposée par le député Renaissance Bruno Studer en janvier, avait été adoptée à l'Assemblée nationale, puis Sénat. Le texte donne aussi la possibilité à un juge de confier l’exercice du droit à l’image de l’enfant à un tiers, en cas d’atteinte à la dignité. Cette proposition de loi doit repasser en nouvelle lecture à partir de septembre.

Kevin Gasser