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Victime de harcèlement de rue, un homme m’a dévisagée comme si j'étais son casse-croûte

La semaine internationale de lutte contre le harcèlement de rue se tient du 3 au 9 avril. Des actions sont prévues dans le monde entier pour dénoncer les insultes et attouchements dont sont victimes les femmes et les hommes dans l’espace public. Des attouchements dont a été victime Juliette Dubois. Elle se confie pour RMC.fr.

Juliette Dubois, victime de harcèlement de rue et membre du comité de pilotage du collectif Stop harcèlement de rue.

"Un jour, je suis passée par la place de la Comédie, à Montpellier, pour rentrer chez moi. Un homme a commencé à me suivre, à me coller, à me toucher, à me parler. Je voyais qu’il ne me lâchait pas alors que je tentais de le repousser. Au bout de deux minutes, j’ai senti un autre gars m’attraper le bras. Il a vu que l’on m’embêtait, que j'étais paniquée et il est venu m’aider. Je lui ai demandé de m’accompagner jusqu’à chez moi. L’homme qui me harcelait n’arrêtait pas. Il continuait à me suivre, à me toucher les fesses. Il me collait alors que j’étais avec quelqu’un d’autre.

Il me disait : 'Je vais te niquer, on va baiser, suce-moi'. Une fois arrivés devant chez moi, on l’a poussé et il est tombé par terre. Et après on a vite fermé la porte. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans aucune aide.

"Il me dévisageait en se léchant les lèvres"

Au quotidien, cela m’arrive souvent. En fin de soirée, je suis fréquemment suivie. On me demande : 'Tu veux venir à la maison? Tu fais quoi à cette heure-ci dehors? Viens boire l’apéro, etc.'. Cela m’arrive surtout le soir et la nuit. Mais pas que.

Dans la rue, des regards sont souvent dirigés sur moi. Une fois, cela a été particulièrement marquant. J’attendais le tramway et j’étais en survêtement, je ne m’étais pas habillée. Un mec, qui était en face de moi, m’a dévisagée, m’a regardée de haut en bas en se léchant les lèvres d’une manière horrible, comme si j’étais son casse-croûte. C’était hyper choquant, je l’ai vu faire ça et je n’ai pas su quoi faire.

"Une envie de crier partout"

En général, je préfère réagir. Ça me détend, ça me permet de passer mes nerfs parce qu’au bout d’un moment c’est trop. Mais ça dépend de mon humeur, de la journée, de la personne que j’ai en face de moi.

Si je ne suis pas bien, fatiguée ou triste, ça va un peu me saouler et je vais prendre sur moi. Mais au bout d’un moment, quand tu accumules trop, tu as envie de réagir et de crier partout. Parfois ça ne sort pas donc c’est compliqué. J’habite à côté de la plage et je sors souvent avec un débardeur ou un petit maillot. A un moment donné, il y a toujours des regards mais je ne vais pas aller en doudoune à la mer.

"Les hommes marquent leur territoire"

Les hommes considèrent que l’espace public leur appartient. Ils sont obligés de le montrer en nous rabaissant constamment. Ils marquent leur territoire alors que la rue est à tout le monde.

Il faut qu’ils se mettent un peu à notre place et qu’ils essayent de comprendre pourquoi il ne faut pas faire ça, essayer de discuter avec des gens qui pourraient leur expliquer. Ils doivent se remettre en question."

Propos recueillis par Julie Breon