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Violences: "Les stades ont toujours été un prétexte pour faire ce qu’on n’a pas le droit ailleurs"

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Ce jeudi, Bruno Retailleau rassemble les instances du football pour mettre un terme à la violence, aux insultes et à l’homophobie dans les stades. Le ministre de l’Intérieur tape du poing sur la table, et pour l’écrivain Arthur Chevallier, sports et violence, c’est une longue histoire. C’est son avis tranché sur RMC.

Les stades, ce sont aussi des défouloirs. Même si ça ne nous fait pas plaisir, une société, c’est aussi ça. Puisqu’on ne peut pas supprimer la violence, on essaye de la contenir. Dans des stades par exemple. Voilà pourquoi les matchs de football, c’est la fête du sport, mais c’est aussi trop souvent la fête de la violence. Le nier, c’est de l’hypocrisie.

D’ailleurs, le foot a provoqué des drames. Et pourtant, à l’origine, en Angleterre, le football, c’était censé éduquer les jeunes au “fair-play”. Ça n’a pas duré. Les stades deviennent vite des lieux d’affrontements. Alors au début, on se chamaillait au pub et dans les gradins, ça dégénérait un peu, mais rien de bien méchant.

Violence mortelle

Mais à partir des années 1950, les hooligans s’affrontent en bataille rangée. En 1974, pour la première fois, un supporter meurt dans la ville de Blackpool. Ça n'est que le début. Le premier drame, c’est à Bruxelles, en 1985. Lors de la finale de coupe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus, une bagarre fait 39 morts. Et ça continue.

En 1989, nouvelle tragédie à Sheffield. Liverpool et Nottingham Forest s’affrontent. Ça s’embrouille et résultat: 97 morts. C’en est trop: le gouvernement prend des mesures drastiques contre le hooliganisme. Depuis, les stades anglais sont exemplaires. Un exemple à méditer.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Stades de foot et violence, une longue histoire - 24/10
3:15

Les jeux du cirque, les gladiateurs…

Le sport est lié au spectacle depuis l’Antiquité. Au début, l’idée, c’était de mettre en scène la performance. Et arrivent les gladiateurs dans les derniers siècles avant notre ère, à Rome. Le peuple de l’Empire se retrouvait dans des amphithéâtres pour assister à ce spectacle morbide.

Des esclaves ou des criminels se bagarrent jusqu’à ce que mort s'ensuive. Et dans les gradins, il y avait de l’hooliganisme. Par exemple, en 59 après Jésus-Christ, à Pompéi, pendant un combat de gladiateurs, des spectateurs se jettent des pierres et se battent. Résultat: plusieurs morts. L’affaire remonte jusqu’à l’Empereur, à l’époque, c'est Néron. La punition tombe: les habitants de Pompéi sont interdits de jeux durant plusieurs années.

Au Moyen Âge, il y a encore de la violence. Cette fois, ça concerne les tournois de chevalerie. Les spectateurs s’insultent et s’envoient des projectiles. Ça conduit les autorités à désarmer le public. Donc la violence et le sport, ça ne date pas d’hier.

Le stade, un prétexte

Mais pourquoi un stade provoque ce genre de comportement? Parce que les stades sont un prétexte pour faire ce qu’on n’a pas le droit de faire ailleurs. Le tout sous couvert de la bonne vieille tradition de la bière et de la bagarre. Souvenez-vous, quand les Qataris ont racheté le PSG, ils ont dégagé les supporters ultra. Soi-disant l’âme du club. C’étaient des délinquants débiles et violents. Ce qu’on ne tolère pas dans la société, on ne le tolère pas dans un stade.

Arthur Chevallier