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Solère espionné par la DGSE ? Les écoutes téléphoniques pour les nuls

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Procédure, contrôle, nombre de personnes espionnées… Au lendemain des révélations du Monde, selon lequel le député Thierry Solère aurait été espionné par la DGSE en 2012, le directeur de recherche à l’Iris et auteur de Les écoutes téléphoniques a détaillé ce mercredi sur RMC la procédure des écoutes téléphoniques.

Les révélations du journal Le Monde d'une surveillance par la DGSE du député les Républicains Thierry Solère en 2012 au moment de sa candidature aux législatives contre l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, remet en lumière la pratique des écoutes téléphoniques. Selon le quotidien, les services de sécurité extérieure auraient été utilisés "hors de tout contrôle" à partir du 20 mars 2012 pour surveiller les téléphones et la boîte mail de Thierry Solère, alors candidat UMP dissident. Des accusations rejetées par Claude Guéant et la DGSE.

Invité ce mercredi de Jean-Jacques Bourdin, François-Bernard Huyghe, directeur de chercheur à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) et auteur de Les écoutes téléphoniques (édition PUF) nous explique la procédure pour mettre quelqu'un sur écoute.

>> Comment place-t-on une personne sur écoute ?

"Il y a d'abord les écoutes dites judiciaires: un juge d'instruction, dans le cadre d'un mandat, met un individu soupçonné d'un crime ou d'un délit sur écoutes, celles-ci étant menées par des policiers ou des gendarmes".

"Il peut y avoir également des écoutes administratives, qui peuvent notamment être demandées par un ministère, dans des cas très graves : espionnage, atteinte à la sûreté nationale… La procédure est très lourde, et elles sont très encadrées par la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, une commission très sérieuse (CNCIS)". 

"Dans le cas des écoutes de Thierry Solère, si elles sont avérées, c'est très difficile à croire qu'elles puissent être judiciaires ou administratives. Cela nous amène donc à la troisième hypothèse: une écoute illégale". "La DGSE a les moyens d'entrer dans les opérateurs ou de recueillir des données sur l'utilisation d'un téléphone, ce que l'on appelle des méta données – qui a appelé qui, à quel moment -. C'est possible que cela ait été fait, et ceux qui ont fait ça s'exposent à de graves sanctions".

>> Vers une écoute illégale ?

"Dans le cas des écoutes de Thierry Solère, si elles sont avérées, c'est très difficile à croire qu'elles puissent être judiciaires ou administratives. Cela nous amène donc à la troisième hypothèse: une écoute illégale". "La DGSE a les moyens d'entrer dans les opérateurs ou de recueillir des données sur l'utilisation d'un téléphone, ce que l'on appelle des méta données – qui a appelé qui, à quel moment -. C'est possible que cela ait été fait, et ceux qui ont fait ça s'exposent à de graves sanctions".

"On peut d'abord tromper un juge: on a connu des policiers qui trompaient un juge pour obtenir des écoutes pour un ami cocu !" "Sinon il est techniquement possible de 'pirater' un téléphone portable. Il suffit que j'acquière sur internet, en Espagne ou au Royaume-Uni, un logiciel que j'introduis dans votre téléphone pour avoir le double de vos conversations. Un procédé technique parfois assez chers".

>> Comment savoir si on est surveillé ?

"Vous pourriez faire une demande auprès de la CNCIS, mais je vous souhaite bonne chance pour les prochaines années. Sinon, il y a la 'méthode de la bleuite' : vous appelez un ami en lui disant j'ai posé une bombe à tel endroit…"

>> Combien de personnes seraient sur écoute ?

"Un chiffre circulait : 600.000, mais cela veut dire qu'on compte tous les gens qui sont en contact avec des personnes écoutées. On est plus vraisemblablement sur un chiffre de l'ordre de plusieurs milliers de personnes écoutées. Tout ça coûte très cher à la justice et à l'administration".

Philippe Gril avec JJ. Bourdin