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Stress post-traumatique dans l'armée: "Je ne peux plus mettre le treillis"

Les dernières troupes françaises engagées en Afghanistan, à Kaboul le 31 décembre 2014.

Les dernières troupes françaises engagées en Afghanistan, à Kaboul le 31 décembre 2014. - AFP

Selon les informations de RMC, 4% des soldats français engagés dans un conflit à l'étranger ont développé un syndrome de stress post-traumatique. C'est le chiffre que va révéler l'armée, ce mercredi, qui organise un séminaire pour faire le point sur la prise en charge de ce syndrome très handicapant.

C'est une blessure de guerre silencieuse, invisible. Elle a pourtant un nom: le stress post-traumatique. Selon nos informations, ce trouble touche 4% des soldats français engagés ou qui ont été engagés dans des conflits à l'étranger.

Au total depuis 2010, 1.400 cas ont été répertoriés, selon des chiffres qui dévoilés ce mercredi matin par l'armée, qui organise un séminaire pour faire le point sur la prise en charge de ce syndrome.

Une priorité pour l'armée depuis 2011

Après des années de passage sous silence, ce trouble est devenu depuis 2011 une priorité pour le ministère de la Défense. Et c'est sans doute l'engagement en Afghanistan qui a précipité les choses. RMC a recueilli le témoignage de Stéphane cet ex-membre des forces spéciales françaises, qui a passé plusieurs mois en dans ce pays d'Asie centrale, en 2011.

A son retour en France, Stéphane n'est plus le même.

"Je ne dormais plus qu'une heure à deux heures par nuit, maximum, témoigne-t-il. Quand je prenais ma voiture, je ne prenais jamais le même itinéraire, de peur d'être suivi. Constamment, j'étais à l'affût du moindre bruit".

"Je ne peux plus mettre le treillis aujourd'hui"

Stéphane parle pudiquement de ces missions de nuit où il s'est vu mourir sous les balles des talibans. Il raconte aussi ces interrogatoires musclés sur des Afghans, pour obtenir des informations. Aujourd'hui, il est impossible pour lui de retourner dans son régiment.

"Je ne peux plus mettre le treillis aujourd'hui, c'est fini, poursuit-il. Ca a cassé quelque-chose et je suis en désaccord avec moi-même, quoi."

"Dans l'armée, on n'aime pas les gens faibles"

Cet ex-membre des forces spéciales n'a jamais pu parler de ses troubles avec ces ex-camarades de régiment. Un syndrome qui reste encore un tabou.

"Admettre qu'on souffre d'un syndrome comme ça, quelque-part, c'est une faiblesse. Et dans l'armée, on n'aime pas les gens faibles. Il y a très peu de gens qui osent en parler, ou qui s'aperçoivent qu'il y a quelque-chose qui ne va pas".

C'est la compagne de Stéphane qui l'a poussé à consulter. Aujourd'hui, il est toujours suivi et va mieux, probablement parce qu'il a trouvé un autre travail, loin de l'armée.

C. P. avec Céline Martelet