Supprimer l'Aide médicale d'État? "Non, mais il faut la limiter aux soins d'urgence"

L'aide médicale d'État, offerte aux étrangers en situation irrégulière sur le sol français, va tout simplement "nous péter au nez". Les propos sont de Claude Goasguen, député Les Républicains de Paris, et coauteur (avec le député PS Christophe Sirugue) d'un rapport sur l'Aide médicale d'État. Selon le rapport, l'AME fait face à des besoins accrus et doit être améliorée.
Fin 2014, l'aide médicale d'État bénéficiait à 294.300 étrangers en situation irrégulière. Un nombre en constante augmentation puisqu'en 2011, ils étaient seulement 200.000. Le budget alloué a progressé de 38% entre 2009 et 2015, passant de 490 à 676 millions d'euros cette année. Il sera de 744 millions d'euros l’année prochaine, selon les projections du gouvernement.
"En réalité, l'AME nous coûte un milliard"
Des projections fausses et optimistes, estime Claude Goasguen, invité ce mercredi de Jean-Jacques Bourdin. "En réalité, le (coût de l'AME pour l'État) est de plus d'un milliard", estime le député, prenant l'exemple de deux départements qui "créent des problèmes", selon lui : Mayotte et la Guyane. "En Guyane, on nous dit qu'il n'y a que 16.000 bénéficiaires, c'est une plaisanterie, la chambre des comptes nous disant qu'il y en a plus que ça. Et Mayotte, c'est terrible… Une personne sur deux est en situation irrégulière et c'est la première clinique obstétrique d'Europe, la Guyane étant la deuxième. On ne les compte pas dans le budget parce qu'ils ont des situations particulières". "Tout ça fait une facture de plus d'un milliard", répète Claude Goasguen.
"On n'est pas un peuple de barbare"
Fort de ce constat, le député Les Républicains ne propose pas de la supprimer purement et simplement, comme le souhaite le Front National, mais de limiter l'AME aux situations d'urgence. "Quand les gens sont en situation d'urgence, on ne va pas les repousser lorsqu'ils se présentent à l'hôpital. On n'est pas un peuple de barbares, se défend Claude Goasguen. Mais donnons aux étrangers en situation irrégulière les mêmes conditions que dans les autres pays européens".
En limitant l'octroi de l'aide médicale d'État aux seules urgences, l'auteur du rapport calcule que "le budget serait alors de 200 millions", loin du milliard d'euros. Et quand le clandestin a besoin de soins médicaux "courants", il devra alors, explique-t-il, se tourner vers la Sécu comme n'importe quel Français.
Des urgences débordées ?
L'idée est en revanche récusée par Christophe Sirugue, l'autre auteur du rapport. Le socialiste plaide pour un maintien de la couverture universelle. Selon lui, une restriction conduirait à transférer des dépenses vers des établissements médicaux défavorisés ou des associations caritatives ou des collectivités locales. Elle pourrait aussi entraîner des recours aux soins hospitaliers plus tardifs donc plus coûteux. Une crainte balayée par Claude Goasguen. "les urgences sont déjà débordées, et il appartient aussi aux hôpitaux de limiter la demande de ce point de vue".