Taxis en colère: "Si on autorise cette piraterie, alors on deviendra pirates"

- - AFP
Ils sont mobilisés depuis 5 heures ce lundi matin. Fâchés contre la "concurrence déloyale" du géant américain Uber, des chauffeurs de taxi manifestent aux abords de Paris et bloquent les entrées et sorties du périphérique, au départ des aéroports de Roissy et d'Orly et de la Porte de Saint-Cloud. Ils entendent dénoncer la concurrence des voitures avec chauffeurs Uber. Ce nouvel épisode dans la guerre des taxis fait suite au refus vendredi du tribunal de commerce de Paris d'interdire le populaire mais controversé service UberPOP, qui met en relation des passagers et des automobilistes qui ne sont pas chauffeurs professionnels.
"Pitoyable"
Une "concurrence déloyale" pour Yassin Kerkour, chauffeur de taxi depuis 15 ans. Dans Bourdin Direct, il assure souffrir d'une "perte de chiffre d'affaires" estimé à "entre 35 et 45%". Selon lui, la concurrence est "déloyale" car sur le "marché des transports la règlementation est très sévère pour les taxis et pas pour Uber". C'est pourquoi, il juge cela "pitoyable" de la part "des politiques".
Abel est lui aussi taxi parisien. Sur RMC, il explique ce qui le dérange dans le fonctionnement d'Uber : "Les VTC ont été lancés pour le transport de touristes or aujourd'hui ils transportent des hommes d'affaires et des résidents lambda. Donc ils font du taxi". Il ajoute : "On a un gâteau, on se le partage mais ce gâteau est le même alors qu'il y a plus d'intervenants. C'est pour ça qu'on est crise et que beaucoup de sociétés ferment". Or, "des collègues taxi qui déposent le bilan, d'après les anciens, cela n'était jamais arrivé".
"C'est du travail au noir"
Cette situation de crise est aussi dénoncée par Saladhin Dahaoui, président du Collectif des Taxis Parisiens qui appelle à la mobilisation ce lundi matin. C'est essentiellement cette pratique d'UberPop, qu'il compare au covoiturage, qui le met en colère. "Le covoiturage n'est pas illégal mais de la façon dont il est pratiqué par UberPOP… Il s'agit d'un chauffeur qui propose ses services pour transporter des clients à destination de leur choix alors que le vrai covoiturage, c'est le chauffeur qui indique sa destination".
Pour lui, pas de doute : "C'est du travail au noir. Le chauffeur fait ça pour arrondir ses fins de mois". Une situation qui n'est donc pas sans conséquence. "Sur le terrain, on constate que les vendredis et samedis soir, la clientèle habituelle qui prenait un taxi se déplace aujourd'hui en Uber" constate Saladhin Dahaoui. Il ajoute, énervé : "Si on autorise cette piraterie, nous aussi on deviendra pirates".
A noter que 10 mois après le lancement de ce service, Uber revendique déjà plus de 160 000 utilisateurs à Paris, Lille, Lyon, Toulouse, Bordeaux et Nice.