Assurance auto: prêts à payer moins cher... mais être surveillés au moindre coup de volant?
C’est une activité peu connue de Tesla : sa branche "Tesla Insurance". Lancée en 2019, elle se déploie petit à petit aux Etats-Unis –pas encore en France. Sa particularité est qu'elle est complétement basée sur le comportement individuel du conducteur, à la seconde près.
Concrètement, le montant de la prime fluctue chaque mois en fonction d’une "note de sécurité", qui dépend de tout un tas de paramètres enregistrés en temps réel par la voiture: le nombre de freinages brusques, les déclenchements d’alerte à la collision, les virages trop rapides, le respect ou non des distances de sécurité, seulement en fonction de la conduite. En résulte un score sur 100, plus il est élevé, moins on paye cher.
Avec une promesse alléchante: un conducteur moyen pourrait économiser 20 à 40% sur sa prime d’assurance. Et jusqu’à 60% moins cher qu’une assurance classique pour les meilleurs conducteurs. Autre avantage de ces assurances nouvelle génération : aucun autre critère n’entre en compte, ni l’âge du conducteur, ni son sexe, ni d’éventuels accidents qu’il aurait déjà eu. Seule la qualité de conduite compte. Des critères complétement objectifs. Même si on pourrait se dire que ça remet en cause le principe même d’assurance : ça va à l’encontre du principe de mutualisation des risques, l’un des principes de base de l’assurance.
Les assurances basées sur le comportement du conducteur, ça existe déjà en France non?
On appelle ça le "Pay as you drive" ou le "pay how you drive", "payez comme vous conduisez". Elles sont très peu répandues pour l’instant, même si plusieurs assureurs comme Allianz, ou Direct assurance, commencent à les proposer. On vous donne un petit boîtier, sorte de mouchard à installer dans la boîte à gants. Mais ces dispositifs prennent surtout en compte le nombre de km parcourus: moins on conduit, moins on paye, et quelques critères comme la souplesse de la conduite.
Le tout est très encadré par la CNIL. L’arrivée des voitures connectées, Tesla ou autres, c’est que ce sont des ordinateurs sur roues, qui recueillent une masse de données considérable. La voiture sait tout sur son pilote, ce qui permet d’avoir une vision extrêmement fine de sa conduite, et de moduler très précisément le prix.
En attendant les voitures autonomes, qui vont complétement rebattre les cartes, les assureurs vont d’ailleurs s’adapter à cette nouvelle situation. Certains assureurs commencent d’ailleurs à mettre au point des contrats spécifiques.
Vers la même chose pour les assurances santé?
Ca nous emmène aussi vers un monde où on va être de plus en plus mouchardé pour payer moins cher. C’est vrai pour la voiture, mais c'est vrai aussi pour les assurances santé. Et là on touche à un sujet très sensible. Aujourd’hui en France, le prix des complémentaires santé ne peut pas varier en fonction du comportement des assurés. Et le RGPD interdit le traitement des données de santé. Mais jusqu’à quand ?
Dans un monde où on cherche à couper les budgets partout où on le peut, c’est une solution comme une autre. Aux Etats-Unis, certains assureurs s’appuient sur les objets connectés: si je fais suffisamment de pas dans la journée ou de footings dans la semaine, ça fait mécaniquement baisser le prix de mon assurance.
Des entreprises offrent à leurs salariés des bracelets traqueurs d’activité, et font baisser leur mutuelle santé ou leur offrent places de cinéma ou bons de réduction sur des vols s’ils en font bon usage. Pour les entreprises c’est tout bénéf: des salariés en meilleure forme, et des économies. Dans un contexte de pouvoir d’achat contraint et d’inflation galopante, ce deal "gagner quelques euros contre un peu de surveillance" pourrait devenir de plus en plus populaire auprès des consommateurs.