L’IA comme PDG: êtes-vous prêt à avoir un "patron robot"?

"Vous êtes encore en retard Monsieur Morel". Quand c’est votre boss qui vous rappelle à l’ordre, c’est déjà pénible. Mais demain, l'ordre viendra peut-être d'une boîte de conserve… Ce n’est pas de la science-fiction: plusieurs expérimentations ont vu le jour dans le monde, dont la plus poussée à Hong Kong où une entreprise de jeux vidéo a nommé une IA comme PDG. C’est le premier patron virtuel de l’histoire. L’entreprise s’appelle Netdragon Websoft, elle compte plus de 6.000 salariés et vaut plusieurs centaines de millions d’euros. Et cette PDG virtuelle s’appelle Tang Yu, un robot humanoïde couplé à une intelligence artificielle. Elle prend la forme d’un avatar d’une femme d'une quarantaine d'années, au regard souriant, qui donne des ordres par écran interposé. C’est elle qui envoie les tâches à accomplir directement sur le téléphone des salariés, leur donne des conseils pour s’améliorer à travers des formations virtuelles… Mais elle peut aussi prendre des décisions, y compris sur les recrutements ou les licenciements, signer des décisions stratégiques… L’idée étant que l’IA serait capable d’avaler des quantités de données très rapidement et d’analyser le pour et le contre dans les décisions clé de la vie d’une entreprise de façon totalement objective et désintéressée, froide, rationnelle.
Son cours en bourse a explosé lorsque le nouveau PDG a été nommé en 2022. Et l’entreprise est toujours florissante, preuve que le "patron robot" ne fait pas du si mauvais boulot que ça… A tel point d'ailleurs qu'elle a fait des émules. On peut citer Dictador, une entreprise polonaise de spiritueux, qui a nommé un robot humanoïde baptisé Mika à sa tête. Un patron qui ne coûte pas cher et qui bosse 24h/24. Derrière tout ça, on peut aussi voir la volonté de certaines entreprises de se faire un joli coup de com. Il faut rappeler que diriger une entreprise, artisanale ou multinationale, ce n'est pas seulement prendre des décisions basées sur des données chiffrées. Il faut des compétences de leadership, de communication, de gestion de crise, motiver les équipes, tisser des relations avec des clients, qui sont des qualités qui restent éminemment humaines. Ça fait quand même beaucoup de choses, études ou pas, qui restent la chasse gardée de l’être humain.
L’IA déjà utilisée dans des comités de direction
Est-ce que ça pourrait devenir une tendance? Et arriver en France? Sans aller jusqu'à des cas aussi extrêmes, utiliser l'IA comme aide à la décision dans les entreprises, ça va devenir une tendance. Ce sont les patrons eux-mêmes qui le disent. Aux Etats-Unis (peut-être que les résultats seraient différents en France), 49% des patrons interrogés estiment que la plupart de leurs tâches pourraient être automatisées et déléguées à une intelligence artificielle. Selon une autre étude, 45% des PDG admettent avoir déjà pris une décision importante pour leur entreprise en utilisant ChatGPT. D'autres ont déjà nommé une IA qui "siège" pendant les comités de direction, qui n’a pas le droit de vote mais qui apporte pendant les discussions des informations en temps réel pour nourrir les décisions stratégiques. L’IA va aller chercher des données financières, des tendances de marché, faire de l’analyse prédictive mais aussi de la veille juridique et technologique pour alimenter la discussion, faire des propositions d’investissements ou de nouveaux relais de croissance pour l’entreprise...