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"La chronique d'Anthony Morel": comment lutter contre les armes imprimées en 3D?

Intraçables, indétectables: ces nouvelles armes font craindre le pire.

C'est peut-être un pistolet en plastique, mais ce n’est pas du tout un jouet. On parle souvent du potentiel des impressions 3D. On peut d'ailleurs tout faire avec les imprimantes 3D. Y compris la fabrication des armes à feu.

Il existe même de vrais pistolets en trois dimensions qui tirent à balles réelles. Des armes qui présentent de réels dangers, car elles sont intraçables, ne possèdent aucun numéro de série et passent inaperçues sous un portique de sécurité.

Comment lutter contre la prolifération de ce type d'armes? Quid des risques qu'elles présentent? Anthony Morel fait le point sur RMC. 

Ces armes ont beau être en plastique, ils tirent bel et bien des balles réelle. Ici, chaque pièce a été construite comme un mille-feuille, à partir d’une imprimante 3D: la crosse, le canon… Vous ajoutez une gâchette et un percuteur et vous avez pourriez avoir une arme tout à fait fonctionnelle. 

Une arme parfaitement intraçable, sans numéro de série et qui passe sous un portique de sécurité sans encombre. Autant d'inquiétudes naissante car ce genre d’objets risque de proliférer dans les années qui viennent.

Pour l’instant, il faut des imprimantes très sophistiquées pour les fabriquer, qui coûtent plusieurs milliers d’euros. Mais au fil des années elles coûteront de moins en moins cher et, concrètement, n’importe qui pourra potentiellement créer sa propre arme à feu… Enfin, ces armes en plastique ne résistent pas toujours à la vélocité des balles: assez souvent, elles explosent à la première utilisation…

La French Tech à la rescousse

Il y a quand même des solutions. Pour lutter contre la prolifération de ces armes, une entreprise française a eu l’idée de créer de faux fichiers d’armes 3d et les diffuser massivement sur internet. Pour imprimer ces armes, il faut en effet d’abord télécharger sur internet un fichier avec le patron du pistolet, pour qu’il soit reproduit par la machine…

Cette entreprise basée à Roubaix, Dagoma, conçoit des imprimantes 3D a pris une initiative particulièrement ingénieuse. Ses ingénieurs sont allés chercher ces fichiers par centaines sur internet... et les ont modifiés de manière imperceptibles pour que si on les utilise, on obtienne une arme complètement inoffensive.

Avant de diffuser ces fichiers truqués massivement sur internet, ils ont, par exemple, changé de quelques millimètres le diamètre des canons, pour que les balles ne puissent plus entrer, modifié les gâchettes pour qu’elles ne puissent plus taper sur les percuteurs, ou encore les détentes, les crosses et les chargeurs… Résultat: si un petit malin imprime l’arme, elle est parfaitement inoffensive. 

Il ne faut pourtant s’arrêter aux aspects négatifs de l’impression 3D. Cette technologie est une révolution qui va même sauver des vies. Elle révolutionne déjà l’industrie, le BTP, peut réparer les corps – os, prothèses…

Demain, elle pourra sauvera des vies puisqu'on pourra imprimer... des organes. Mais il faut aussi être conscient des dérives possibles: comme pour toute innovation, ce qui compte c’est ce que l’on en fait. 

Anthony Morel avec Xavier Allain