Niveau des élèves français: comment l'intelligence artificielle se met au service de l'école

La France décroche encore dans le dernier classement Pisa. Est-ce que l'intelligence artificielle peut nous aider à remonter la pente? C'est en tout cas l'une des mesures annoncées par Gabriel Attal. L'idée est de mettre un prof virtuel derrière l’épaule de chaque élève. Une école sur mesure, en fait. Utiliser l’IA pour permettre une hyper personnalisation de l’apprentissage.
L'outil "MIA" sera adapté au niveau de chaque élève
L’outil annoncé s’appelle MIA. Il sera destiné aux élèves de seconde en maths et en français, sous forme d’une application qui utilise ce qu’on appelle "l'apprentissage adaptatif", un principe né aux Etats-Unis qui consiste à adapter précisément le contenu et le rythme d’apprentissage en fonction des besoins individuels et des lacunes de chaque élève.
Concrètement, l’élève se connecte, il doit réaliser un premier test, et ensuite c’est une IA qui va définir son niveau, comprendre là où ça bloque, et proposer un parcours individualisé d’exercices tout est géré par des algorithmes.
Si l’exercice est réussi, on passe à un exercice un peu plus dur. S’il n’est pas réussi, l’IA en propose un autre, un peu moins difficile, bien ajusté à sa façon de comprendre l’addition, la fraction jusqu’à ce que le savoir soit acquis.
Tout ça suit évidemment le programme scolaire, mais le cheminement va se faire progressivement. En partant du principe qu’on n’apprend pas tous à la même vitesse et que notre cerveau ne fonctionne pas forcément de la même manière que celui du voisin.
En classe, le professeur humain n’a pas le temps pour ce niveau de "sur mesure", ce sont les algorithmes qui s’en chargent.
Les avantages sont nombreux: l’élève n’est pas contraint par le rythme des autres élèves, il avance à son rythme, même si l’objectif final est le même ça réduit le sentiment d’échec, donc ça dope la motivation. Ce qui va permettre aux décrocheurs de raccrocher.
Une technologie basée sur les sciences cognitives
On ne va pas miraculeusement transformer les nuls en maths en Einstein. Mais cette technologie a des avantages, elle est basée sur les sciences cognitives (en France, des travaux de l’Inria par exemple).
Et dans les autres pays, ça a l’air de plutôt bien fonctionner. C'est la stratégie d’enseignement dans des pays comme Singapour ou en Estonie, respectivement premier et quatrième au classement Pisa ça devrait nous interpeller. En France, l'outil commence à se mettre progressivement en place.
Un outil comme Adaptiv Math, par exemple, est testé par l’Education nationale depuis 2019 en phase bêta et accessible à toutes les écoles primaires depuis l’an dernier du CP au CE2 et bientôt pour les élèves de seconde. À condition que les profs l’utilisent évidemment.
Ou encore Lalilo, pour l’enseignement de la lecture pour les grandes sections/CP/CE1, où là encore, la difficulté des exercices va s’adapter en temps réel en fonction de la compréhension de l’élève avec aussi un côté gamification.
L’élève gagne des récompenses virtuelles, monte de niveau, un peu comme dans un jeu vidéo. L’enseignant, lui, a accès à un tableau de bord et peut suivre la progression de chaque élève.
Un outil de lutte contre les inégalités sociales
L'intelligence peut-t-elle être un danger pour l'école? Va-elle permettre à certains élèves de tricher ?
Tout va dépendre de la façon dont on l’utilise. C’est vrai qu’on a beaucoup critiqué l’IA, notamment avec l’arrivée de ChatGPT, comme un outil favorisant la triche, c’est une réalité.
Mais après la première réaction épidermique d’interdiction immédiate, on est dans une phase d’adaptation, sur le principe qu’on n’arrête pas la marée avec une serpillière.
Il vaut mieux apprendre à se servir de ces outils, que ce soit côté élèves ou côté profs: certains s'en servent pour rédiger leur cours ou préparer des contrôles pour les élèves par exemple, générer un texte à la demande, avec des erreurs spécifiques à corriger... Puis le transformer pour s’adapter au niveau des 6e, 5e, 4e ou 3e. C’est aussi un outil incroyable pour lutter contre les inégalités.
La possibilité d’avoir un prof de langues dans sa poche, par exemple, avec lequel on peut discuter à voix haute, comme on était en train de discuter avec un natif de la langue, et qui va nous répondre.
L’idée est de pouvoir gagner en confiance, de s’entraîner à parler sans aucune pression ni aucun jugement. Et de rendre accessible à tous un professeur particulier peut importe la situation sociale.