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Pourquoi Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, est attaquée en justice aux Etats-Unis

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C'est une plainte hors norme. 41 Etats américains ont déposé plainte devant un tribunal californien contre le géant du numérique Meta. Ils l'accusent de manipulations d'enfants à cause d'algorithmes implantés dans ses applications notamment.

Quarante et un Etats américains portent plainte contre Meta, la maison mère de Facebook et Instagram. Elle est accusée de nuire à la santé mentale et physique des jeunes. La plainte a été déposée devant un tribunal californien.

Ces Etats américains accusent Meta de manipuler les enfants, les ados, en développant sur Facebook, sur Instagram, des algorithmes, des technologies puissantes ultra addictives et aux effets délétères sur les jeunes.

La plainte parle même d’un “piège” puisque Meta aurait dissimulé ces techniques de manipulation. Çe qui veut donc dire que Meta savait. Des experts comparent cette affaire au scandale de l’industrie du tabac.

Cette plainte, c’est l’aboutissement de deux ans d’enquête déclenchée surtout par une lanceuse d’alerte: Frances Haugen. Cette ancienne employée de Facebook a quitté l’entreprise il y a deux ans et n’est pas partie les mains vides. Elle a fait fuiter plus de 20.000 documents internes. Des preuves selon elle que son ancien employeur privilégie le profit au détriment de la sécurité. Elle en a même parlé devant le Congrès américain.

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Expliquez-nous par Hélène Terzian : Facebook et Instagram, 40 États américains portent plainte - 26/10
3:51

La dépendance au "like"

Il y a quelques mois, celui que l’on appelle le “médecin-chef” des Etats-Unis, en charge des questions de santé publique est même allé jusqu’à alerter sur “les effets extrêmement nocifs” que pourraient avoir les réseaux sociaux. Ils joueraient selon lui un rôle majeur dans la “crise nationale de la santé mentale des jeunes”.

Dépression, anxiété, troubles du sommeil, de la concentration, et donc forcément avec un impact sur la réussite scolaire. Chez les jeunes filles notamment,il y a aussi des troubles de l’alimentation. S’ajoutent à cela des problèmes de santé liés à la sédentarité mais aussi, un risque suicidaire accru. Pour l’expliquer, on en revient au poison de l’addiction: les plus jeunes y sont plus vulnérables. Un ado aura tendance à sans cesse vérifier son smartphone, voir s’il n’a pas une notification car cela crée un shot de dopamine et les ados y sont encore plus sensibles.

C’est exactement ce mécanisme que l’on retrouve dans "le like”, ce pouce sur lequel on clique pour indiquer qu'on aime une photo, un commentaire. En avoir beaucoup ça rassure, ne plus en avoir ça peut créer du stress et des troubles dépressifs.

Une plainte qui peut aboutir?

Meta, le géant du numérique se dit “déçu” de la tournure que prend l’affaire. Déçu que les Etats aient choisi d’aller en justice de cette manière. Forcément, ils auraient préféré travailler avec les entreprises du secteur, toutes les plateformes pour se mettre d’accord sur les normes à établir. Et puis Meta estime avoir fait le boulot en ayant introduit “30 outils” pour soutenir les ados et les familles. Des outils de contrôle pour aider les parents à suivre l’activité de leurs enfants ou pour les inciter à faire des pauses.

Est-ce que cette plainte a des chances d’aboutir ? Difficile pour le moment de se prononcer mais ce qui est sûr c’est que si les faits sont avérés, que Meta avait conscience de ces effets et n’a rien fait, alors d’après un avocat du numérique, l’entreprise pourrait être condamnée pénalement. Mais l’entreprise va s’entourer des meilleurs avocats au monde. "Ce sera difficile de les coincer" indique dit-on. Alors ils négocieront vraisemblablement un accord financier pour mettre fin au procès. Mais ça pourrait tout de même leur coûter très cher, de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars.

Reste que cette coalition d’Etats contre un géant du numérique, c’est du jamais vu. Voilà pourquoi cette affaire est de l’ordre des scandales qui ont ébranlé l’industrie du tabac. A terme, beaucoup espèrent arriver à la déclassification des documents confidentiels des plateformes et à un changement profond de la loi pour stopper ces dérives.

Hélène Terzian