Trois morts dans une fusillade à Marseille: "On a peur. C’étaient des minots, des gamins..."
Ils avaient 15 ans à peine. Deux jeunes garçons et un jeune homme de 23 ans ont été abattus à l’arme automatique dans la nuit de samedi à dimanche dans la cité des Lauriers, dans le XIIIe arrondissement de Marseille.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la fusillade a eu lieu au pied de l'immeuble D, en face de l'entrée de la cité. Les jeunes gens se trouvaient dans la cage d'escalier de l'immeuble quand plusieurs individus à bord de deux véhicules, ont fait feu avec une arme automatique.
La victime de 23 ans était connue des services de police. Parmi les deux jeunes de 15 ans, seul l’un d’eux avait déjà été poursuivi pour vol à main armée.
"Tant que les armes circuleront, cela ne s'arrêtera pas"
Selon la préfecture de police, ces meurtres sont liés au trafic de drogue dans la cité des Lauriers. Le Premier ministre Manuel Valls a réagi dans un tweet : "Fusillade à Marseille : indignation. Rien n'arrêtera la détermination de l'État à lutter contre le crime organisé".
"Malheureusement, tant que les armes circuleront librement dans la ville, cela ne s’arrêtera pas", a estimé Samia Ghali, maire socialiste du 8e secteur de Marseille, ce lundi sur RMC.
"Je pense que ce sera compliqué pour faire arrêter ce carnage. Et encore, si la police ne faisait pas correctement son travail, les chiffres des cadavres seraient multipliés au minimum par trois. Il faut travailler sur l’éducation et l’autorité : la plupart de ces jeunes sont en décalage scolaire et viennent de familles monoparentales. Il faut également travailler depuis les prisons : beaucoup de délinquants organisent les trafics depuis la prison."
Toute la matinée, les familles, les amis des jeunes victimes ont défilé à l’entrée de la cité des Lauriers. Regroupés au bas de l’immeuble, là où la fusillade a éclaté, certains proches ne pouvaient cacher leur émotion. Et même si la plupart des riverains ne les connaissaient pas, ils se disent très choqués par ce drame.
"On a peur", lâche une grand-mère. "On n’est pas bien. C’étaient des minots, des gamins…"
Selon Karim, qui habite les Lauriers depuis 15 ans, c’est l’appât du gain facile qui attire les jeunes vers le trafic de drogue. "On les connaît ces jeunes, ils sont toujours là," témoigne-t-il.
"La pression sociale fait qu'il faut de l'argent"
Les mineurs sont souvent en première ligne dans les cités explique Frédéric Ploquin, grand reporter à Marianne, et spécialiste du grand banditisme.
"Cela fait des années que les petites mains des trafics de drogues sont recrutées très jeunes", analyse-t-il. Ces derniers représentent la chair à canon, Ils travaillent 10 à 15 heures par jour pour 50€ en rêvant un jour de devenir caïd."
"La pression sociale fait qu’il faut de l’argent, y compris dans la culture musicale locale", explique de son côté Omar Dawson, responsable associatif à Grigny, dans l'Essone. "Quand vous regardez les pubs à la télé à la télé, c’est -il faut faire de l’argent. Et lorsqu’aux niveaux des perspectives en termes d’emploi ou de formation, on ne vous propose rien de probant, vous prenez alors l’orientation qui vous semble le plus facile. Le trafic de drogue est la façon la plus rapide et la plus accessible y compris aux plus jeunes."