Tutelle de Vincent Lambert confiée à son épouse: "Une bonne nouvelle" qui ne règle pas le sort de Vincent
"Ça fait 3 ans que l'on sait qu'il n'y a plus d'espoirs pour lui, mais ça fait 3 ans que l'on est dans une histoire juridique complètement absurde où l'on maintient quelqu'un en vie contre son gré en sachant pertinemment que son état ne s'améliorera jamais". En une phrase, François Lambert, neveu de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008 dans un état végétatif après un accident de voiture, résume la bataille qui oppose depuis quatre ans Rachel Lambert, l'épouse de Vincent, favorable à l'arrêt des soins sur son mari, aux parents de Vincent, qui souhaitent eux le maintien en vie de leur fils.
Sur RMC ce vendredi, François Lambert a qualifié de "très bonne nouvelle" la décision de la justice de confier à Rachel Lambert la tutelle de son mari, malgré l'opposition des parents, qui ont décidé de faire appel de cette décision. Les parents de Vincent, considérant que l'état de santé de leur fils avait "évolué" positivement, et qu'il n'avait "rien à faire au CHU de Reims qui n'a qu'un projet de mort pour lui", espéraient que la désignation d'un tuteur extérieur à la famille ouvre la possibilité d'un transfert dans un autre établissement. "Un établissement qui aurait été évidemment favorable à son maintien en vie", souligne le neveu.
"Le message de la juge des tutelles est très fort"
"Le message de la juge des tutelles est très fort, juge François Lambert. C'est de dire qu'il y a une partie de la famille (les parents, NDR) qui tape sur l'autre, quand l'autre ne réplique pas. Le CHU a dit que c'est parce que les parents de Vincent étaient énervés, violents et intimidants que du coup, Vincent n'avait aucun droit, et la juge des tutelles a clairement dit que ce n'était pas comme ça que ça se passait".
Si elle permet à l'épouse de Vincent de garder une certaine maitrise des décisions concernant son mari, "la tutelle malheureusement ne sert à rien sur le plan de la décision de l'arrêt des soins", regrette-t-il.
Cette décision, appartient toujours à l'équipe médicale du CHU de Reims. C'est cette dernière qui avait justement saisi la justice pour réclamer des mesures de "protection globale" et "un référent qui pourrait représenter légalement" le patient. "Une diversion", selon François Lambert. L'initiative faisait suite à un coup de théâtre: le refus en juillet du nouveau médecin en charge de Vincent Lambert de statuer sur sa fin de vie, en raison de pressions extérieures nuisant "à la sérénité", notamment après des menaces d'enlèvement. La Cour européenne des droits de l'Homme venait pourtant de confirmer un mois plus tôt l'avis du Conseil d'État de juin 2014 qui estimait que la poursuite des soins de Vincent Lambert constituait une "obstination déraisonnable".
"Ils ont peur (au CHU de Reims) et ils veulent faire passer le message qu'ils font ce qu'ils veulent. Ils mettent en avant la sécurité, mais cela n'est pas de leur ressort mais du préfet", s'agace le neveu de Vincent Lambert.
"On n'est pas sûr qu'il ne ressentent pas de souffrance"
François Lambert sait que la décision de confier la tutelle à Rachel Lambert ne met pas fin, loin de là, à la bataille judiciaire. "Le CHU a décidé de reprendre une procédure collégiale pour tout refaire depuis le début et valider ou non ce qui avait été décidé par le conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme. C'est absurde, parce que cela a ouvert le droit aux parents de Vincent de faire de nouvelles procédures". Au-delà de cette interminable bataille, François Lambert espère une chose: que son oncle ne souffre pas. "Sa conscience est absente, mais on n'est pas sûr qu'il ne ressentent pas de souffrance".