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Un slogan en anglais pour les JO de Paris 2024, c’est "un nouveau coup très grave contre la langue française"

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Un slogan de winner? Si Paris obtient l’organisation des JO de 2024, ce sera peut-être grâce au choix de son slogan. Il sera dévoilé vendredi soir, et il sera en anglais. Une décision qui fait bondir Georges Gastaud, président de l’association de défense de la langue française C.O.U.R.R.I.E.L. Il s’explique à RMC.fr.

Georges Gastaud, président de l’association de défense de la langue française C.O.U.R.R.I.E.L.

"Ces derniers temps, on assiste à un basculement. Il y a le discours de Emmanuel Macron en anglais à Berlin, soi-disant pour être compris de tous. Il y a Renault et Peugeot qui viennent de basculer toute leur documentation interne en anglais. Il y a eu la baisse des quotas de chansons francophones sur les radios. Cette histoire de slogan en anglais pour la candidature de Paris aux JO de 2024, c’est un nouveau coup très grave contre la langue française.

"C’est Pierre de Coubertin qui a recréé les Jeux olympiques modernes, que je sache"

C’est toujours la même chose. On va avoir en compensation un éloge hypocrite de la langue française. Mais c’est un assassinat programmé. De plus, c’est Pierre de Coubertin qui a recréé les Jeux olympiques modernes, que je sache. Donc on fait quelques fleurs aux français lorsqu’il y a la cérémonie d’ouverture. On déclare en Français que les Jeux sont ouverts. Mais la plupart du temps les discours se font en anglais.

Nous avons rendez-vous début mars avec le comité de candidature, qui reçoit une délégation unitaire de toutes les associations de défense de la langue française. Evidemment, maintenant, cela nous paraît extrêmement curieux. Visiblement, on décide d’abord et on discute après. Donc c’est vraiment pour nous amadouer, pour nous faire une fleur, pour nous offrir des petits fours. On nous prend pour des imbéciles. Je ne sais même pas, à l’heure actuelle, si on ira à ce rendez-vous.

"Plus personne ne défend la langue française"

Je ne soupçonne pas ces braves gens de vouloir la mort du français. Mais chacun la veut chacun dans son secteur. Résultat, plus personne ne défend la langue française. Le problème, ce n’est pas qu’on utilise l’anglais. C’est que désormais, systématiquement, on utilise un mot anglais à la place d’un mot français. Emmanuel Macron par exemple, quand il a lancé son logo pour l’industrie française, c’était "Creative Industry". L’ironie, c’est que ces deux mots anglais viennent… du français. On mélange tout et on fait un patois qui est d’ailleurs ridicule aux oreilles des anglophones. Quand ils viennent en France, ils rigolent. Ce n’est ni du français, ni de l’anglais, c’est du charabia.

Cet argument qui consiste à dire ‘en anglais, on a plus de chance de gagner, tout le monde nous comprend’, je l’accepterais si c’était un cas particulier. Mais il devient universel. Quand on doit choisir un chanteur pour aller à l’Eurovision, et qu’on dit qu’il faut chanter en anglais parce qu’on perd quand on chante en français, c’est la même chose. A quoi il sert le français? A dire ‘bonjour madame, passez-moi des frites’? Il est éliminé presque totalement de la communication en science. Qu’est-ce qu’il va lui rester?"

Propos recueillis par Antoine Maes