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Villepin demande à Sarkozy de ne pas chercher de bouc émissaire

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a rencontré jeudi Nicolas Sarkozy dans le cadre de consultations sur la présidence française du G20.

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a rencontré jeudi Nicolas Sarkozy dans le cadre de consultations sur la présidence française du G20. - -

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a invité jeudi Nicolas Sarkozy à ne pas chercher de "bouc émissaire" au travers...

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a invité jeudi Nicolas Sarkozy à ne pas chercher de "bouc émissaire" au travers du débat sur l'islam en France, que l'UMP veut organiser avec la bénédiction élyséenne.

L'ancien proche collaborateur du président Jacques Chirac a été reçu à l'Elysée dans le cadre des consultations entreprises par le chef de l'Etat sur la présidence française du G20.

Mais Dominique de Villepin, qui est resté un peu plus d'une heure et demie au palais présidentiel, n'a pas dit un mot du G20 dans la déclaration de deux minutes et demie qu'il a faite à la presse qui l'attendait à l'extérieur.

Il a dit avoir eu avec Nicolas Sarkozy un dialogue "direct, franc, républicain".

"J'ai eu le souci d'alerter le Président de la République sur les grands enjeux et une situation grave sur le plan intérieur et sur le plan international", a-t-il expliqué.

"J'estime pour ma part que, dans ces circonstances, il est important de veiller à ce que tout débat chez nous, en France, sur la laïcité, sur l'islam, ne s'accompagne pas de recherche de bouc émissaire", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a remis la question de la place et de l'organisation de l'Islam en France au centre du débat politique lors de son intervention du 10 février sur TF1, alors que la présidente du Front national Marine Le Pen, qui fait de ce thème son fonds de commerce, ne cesse de monter dans les sondages.

L'UMP, parti du président de la République, que Dominique de Villepin a pour sa part décidé de quitter, a annoncé dans la foulée et avec l'accord de l'Elysée l'organisation d'une convention sur la laïcité et l'islam le 5 avril.

Dominique de Villepin, qu'une profonde animosité réciproque oppose à Nicolas Sarkozy, a dit avoir "rappelé" au chef de l'Etat les "grandes exigences" du moment.

"INTÉRÊT SUPÉRIEUR"

"Une exigence du service de l'Etat, une exigence de justice sociale, de rassemblement de l'ensemble des Français ainsi que de renforcement de la France dans le monde, au moment où (...) naît sous nos yeux un monde arabe libre", a-t-il expliqué.

Une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy, alors que le "printemps arabe" a révélé un profond malaise de la diplomatie française, dont plusieurs dizaines de membres critiquent la façon dont le chef de l'Etat conduit la politique étrangère dans une tribune publiée mardi par Le Monde.

Dominique de Villepin a ajouté avoir dit au président de la République sa conviction que la France doit être "en initiative" et "en proposition avec l'ensemble de ses partenaires européens, avec l'ensemble de la communauté internationale", face aux événements actuels dans le monde arabe.

"Ma conviction c'est que notre rôle historique, notre responsabilité, c'est d'être devant pour saluer ce mouvement des peuples", a déclaré l'homme de la déclaration de 2003 à l'ONU contre l'intervention militaire américaine en Irak.

Dominique de Villepin, qui n'avait pas rencontré Nicolas Sarkozy depuis plus de deux ans et avait été accueilli à son arrivée par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a refusé de répondre à la moindre question. Il n'a, notamment, pas voulu dire s'il était réconcilié avec le chef de l'Etat.

"Il y a, c'est ma conviction, dans les circonstances actuelles, un intérêt supérieur qui doit passer avant toute chose, l'intérêt supérieure de la nation, l'intérêt général des Français", s'est-il borné à dire en conclusion.

"C'est ce qui doit l'emporter et c'est dans cet esprit, non pas dans un esprit d'opposition personnelle, non pas dans un esprit d'opposition partisane, que je veux aborder ces grands défis pour la France", a-t-il ajouté.

Emmanuel Jarry, édité par Patrick Vignal

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