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Violences éducatives: "Inadmissible que l'on minimise les coups portés à un enfant"

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Le débat sur la fessée revient. Une proposition de loi propose d'inscrire l'interdiction des chatiments corporels sur les enfants dans le code civil.

Fessées, claques, tapes… Une proposition de loi veut interdire toutes violences éducatives, y compris les souffrances morales et psychologiques. Portée par les députés François-Michel Lambert (EELV) et Edith Gueugneau (PS), cette proposition de loi prévoit d'inscrire dans le code civil l'interdiction de toute violence envers les enfants.

L'article serait avant tout symbolique, car il ne prévoit aucune sanction. Mais la France est en retard, juge le député François-Michel Lambert: "En Suède ça fait depuis 79, c'est le fondement même de la construction de la société suédoise. La France est dans les 8 derniers d'Europe. La patrie des droits de l'Homme ne peut pas rester à l'écart. Le fondement de notre société est encore construit sur l'idée que l'éducation peut utiliser des formes de violence sur des personnes plus faibles".

Et selon Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les violences éducatives ordinaires, toutes les violences, même une petite tape, peut avoir des effets néfastes: "Il est absolument inadmissible que l'on minimise les coups portés à un enfant. Donc il faut une loi symbolique, s'il n'y a pas de loi, ça ne sert à rien car ce sont des violences qui peuvent avoir une incidence sur la santé, sur le développement, sur la scolarité donc il faut interdire ces violences".

"On se donne bonne conscience en faisant une loi"

Pourtant Philippe Jeammet, psychiatre, spécialiste de de l'enfance et de l'adolescence, estime que cette proposition de loi est inutile: "On se donne une fois de plus bonne conscience par la loi en pensant que les choses se résolvent en se disant 'on fait ou on ne fait pas'. Donner une gifle ou une tape, c'est la façon de la donner qui peut en effet être humiliante et violente et néfaste. Mais se détourner de son enfant ou lui envoyer quelques phrases cinglantes ou méprisantes peut être tellement plus violent.

Et de conclure: "Ce sont des problèmes complexes, on veut y apporter une réponse simpliste. Cette simplification me paraît une source d'appauvrissement et d'instrumentalisation de l'éducation".