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Virus Zika : "cet été, il y aura probablement quelques cas dans le sud de l'Europe"

Ce lundi s'ouvre un colloque international sur le virus Zika à l'Institut Pasteur à Paris. Pendant 2 jours, des chercheurs vont se pencher sur l'arsenal à mettre en oeuvre pour anéantir le virus. Ce matin dans Bourdin Direct, le directeur général de l'institut Pasteur, Christian Bréchot faisait le point sur ce que les scientifiques savent sur ce virus.

Raphaëlle Duchemin: A-t-on progressé aujourd’hui ?

Christian Bréchot: Oui mais il y a encore beaucoup à faire. On comprend que le Zika est une maladie bénigne. Malheureusement et c’est vraiment le paradoxe, dans un petit nombre de cas, chez une femme enceinte au premier trimestre de la grossesse, chez certaines personnes, il va y avoir des atteintes cérébrales sévères, une microcéphalie ou des atteintes neurologiques.

Des progrès ont été faits sur la compréhension ce qui est fondamental pour identifier les cas. Il faut pouvoir mieux comprendre très rapidement si une personne est infectée ou non. Avant il n’était pas évident de faire la différence avec la dengue ou le chikungunya. On doit pouvoir donner des conseils immédiats. Il faut pouvoir repérer rapidement parmi les personnes infectées les personnes susceptibles de développer ces complications qui sont très rares.

Ce moustique est un peu partout, c’est la difficulté…

Ces moustiques sont partis d’Afrique, ils sont allés ensuite en Micronésie en 2007, puis en Polynésie française en 2013-2014. Ils sont passés en Amérique du Sud, aux Caraïbes et en Guadeloupe. Il y aura forcément avec l’été dans le sud de l’Europe quelques cas de Zika, c’est très probable. Mais il faut bien comprendre c’est qu’on n’aura jamais une épidémie au niveau de ce que l’on voit en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en occuper, mais il faut faire de la prévention pour anticiper. Il s’agit encore du moustique tigre qui peut véhiculer Zika mais aussi d’autres virus. Effectivement il est dans le sud de la France donc potentiellement il y a un risque quand il fera plus chaud.

Il y a eu donc des progrès dans la prévention?

Prévention cela signifie le traitement des moustiques, tout le monde peut y participer et c’est ce que font les autorités sanitaires. Ensuite, ce sont des préventions personnelles tout à fait intuitives. Mais on peut faire mieux. Le vaccin ce ne sera pas immédiat, il pourrait être disponible d’ici 3 à 5 ans. Il y a un énorme effort académique et industriel.

A-t-on la preuve tangible de transmission par voie sexuelle?

Oui, c’est très minoritaire, la transmission du Zika se fait essentiellement par les moustiques. Mais il y a sûrement des cas isolés dans lesquels cette transmission est possible.

P.B. avec Raphaëlle Duchemin