RMC
Économie

Ces dizaines de milliers de Français "oubliés" de la prime inflation

placeholder video
INFO RMC. C'était une promesse du gouvernement: une prime inflation de 100 euros pour tous les Français gagnant moins de 2.000 euros par mois. Mais de nombreux citoyens auraient été oubliés du dispositif, auto-entrepreneurs mais aussi chômeurs et salariés de particuliers employeurs en arrêt maladie.

38 millions de personnes devaient être concernées par le versement de la prime inflation de 100 euros: salariés, retraités, travailleurs indépendants mais aussi demandeurs d'emploi. Seul critère: gagner moins de 2.000 euros nets par mois. Sauf que de nombreux Français affirment qu'on leur refuse la prime, alors qu'ils remplissent a priori tous les critères. 

RMC a pu déterminer certaines catégories de citoyens concernées: des salariés de particuliers employeurs qui étaient en arrêt maladie au 31 octobre ou encore des demandeurs d’emploi radiés de Pôle Emploi et pris en charge par la Sécurité sociale. 

"Quand j'ai entendu l'annonce du gouvernement, je me suis dit 'on va pouvoir mettre du beurre dans les épinards', raconte à RMC Mathilde, inscrite à Pôle Emploi depuis février 2021. Mais on m'a expliqué que je serais radiée pendant mon congé maternité. J'ai demandé à ne pas l'être mais on m'a dit que c'était comme ça, que c'était automatique. Résultat aujourd'hui: on me dit que je n'ai pas droit à la prime."

>> Tous les podcasts de "RMC s'engage pour vous"

"C'est complètement anormal qu'on soit incapable de savoir qui a versé quoi dans cette affaire"

Oubliés eux aussi, de très nombreux autoentrepreneurs, qui cumulent leur activité avec Pôle Emploi. En effet, l'article 3b du décret du 11 décembre 2021 fixe les conditions de rémunération pour percevoir la prime inflation versée par l'URSSAF. Il précise que ne peuvent en bénéficier que les autoentrepreneurs ayant déclaré un chiffre d'affaire d'au moins 100 euros par mois, sur neuf mois.

"Étant au chômage, j'ai décidé de me lancer dans le monde de l'immobilier en tant qu'autoentrepreneur, je suis donc mandatée par une agence immobilière, explique Marjorie à RMC. J'ai un double statut mais je suis surtout indemnisée par Pôle Emploi. Comme je n'ai pas touché suffisamment de commissions sur mes ventes au cours des 9 derniers mois, je suis pénalisée. Pourtant, je fais bien partie des demandeurs d'emploi. Et tous mes collègues sont dans la même situation". 

"Cette prime inflation a été décidée de manière très rapide et dans l'urgence politique et de fait, je pense qu'on l'a fait trop vite et sans cibler correctement les cas particuliers, explique à RMC Grégoire Leclerc, président de la Fédération des autoentrepreneurs. On a des demandeurs d'emploi qui sont autoentrepreneurs, on a des étudiants qui sont autoentrepreneurs et ils se retrouvent à se battre auprès de leur agence Pôle emploi pour récupérer leur prime inflation, Pôle emploi qui leur renvoie l'information que l'URSAFF doit la leur verser... Ça n'a aucun sens mais on ne peut pas en faire pâtir ceux qui en ont le plus besoin."

Interrogés par RMC, le ministère de l'Economie et le ministère du Travail se contentent d'admettre que les problèmes sont "identifiés" et que ces situations sont "regardées de très près". 

Marie Dupin avec Anne-Lyvia Tollinchi et Benoit Ballet